ghf

Phonétique et prononciation du français moderne

La prononciation du français moderne ne connait plus que quelques ajustements.

Au XIIIe siècle, les /e/ toniques libres du latin vulgaire avaient abouti à deux résultats distincts, /wa/ et /wɛ/, notés –oi–, qui semblent avoir été à l’origine des manifestations d’une variation diatopique. Au XVIIIIe siècle, la prononciation /wa/ s’impose pour le digramme –oi–, en dépit des prises de position des grammairiens du XVIIe siècle en faveur de /wɛ/, prononciation en vogue à la cour :

roi = /ʁwɛ/ > /ʁwa/

Une troisième variante, /ɛ/, propre à certains environnements consonantiques, avait été circonscrite par les grammairiens de la fin du XVIe siècle, aux gentilés et aux imparfaits, ainsi qu'à quelques mots isolés :

françois, anglois, écossois…
lisois, chantois, marchois…
croie, foible

Les questions de prononciation étant en français moderne devenues indissociables des questions d’orthographe, le digramme –oi– sera à la fin du XIXe siècle réservé à la prononciation /wa/ et sera remplacé dans les mots en /ɛ/  par le digramme –ai– :

français, anglais, écossais…
lisais, chantais, marchais…
craie, faible

La loi de position achève d’agir au XVIIIe siècle : elle contribue notamment à faire s’ouvrir les voyelles devenues tardivement entravées au XVIIe siècle du fait de la restitution dans la prononciation des consonnes finales. Elle ne s’étendra toutefois pas à toutes les syllabes finales fermées ; les voyelles finales suivies d’un /z/, entre autres, pourront conserver leur timbre fermé :

chose
heureuse

Le /œ/, réalisation la plus courante de l’ancien /ə/, qui s’était maintenu comme voyelle d’appui à l’intérieur des mots devient de plus en plus caduc, hésitant entre effacement dans les polysyllabes :

samedi = /sam(œ)di/ ou /sam(ə)di/
vendredi = /vɑ̃dʁœdi/ ou /vɑ̃dʁədi/

et propagation aux monosyllabes, dans la langue courante :

parc = /paʁk/ ou /paʁkœ/ - /paʁkə/
pneu = /pnø/ ou /pœnø/ - /pənø/

Aux XXe et XXIe siècles, le /ɑ/ acquis à la fin du protofrançais, tend, régionalement, à être supplanté par /a:/ (en Belgique) ou /a/ (en France) mais à devenir extensif au Québec, de même que la voyelle nasale /œ̃/ tend régionalement à être supplantée par /ɛ̃/ (en France) :

pâte = /pɑt/ ou /pa:t/ voire /pat/ ≈ patte

brun = /bʁœ̃/ ou /bʁɛ̃/ ≈ brin

Sous l’influence de l’anglais, le phonème /ŋ/ (nasale vélaire) fait son apparition dans le système consonantique français, même si la plupart des locuteurs du français le rendent par /ɲ/ :

parking = /paʁkiŋ/ ou /paʁkiɲ/

La langue moderne hésite entre renforcement et relâchement des consonnes. La tendance à articuler les consonnes préconsonantiques, née au XVIIe siècle sous l’influence de la lecture, s’accuse :

sculpter = /skylte/ ou /skylpte/
dompter = /dɔ̃te/ ou/ dɔ̃pte/

mais simultanément, même si le /œ/ d’appui tend à nouveau à soutenir les groupes consonantiques en fin de mot (comme en gallo-roman), il existe, dans la langue courante, une tendance à simplifier en finale de mot les groupes consonantiques complexes :

sucre = /sykʁ(œ)/ ou /syk/
quatre = /katʁ(œ)/ ou /kat/

Malgré la volonté des grammairiens du XVIIe siècle de restituer uniment la prononciation des consonnes finales, la langue moderne hésite encore, principalement  pour le /l/ derrière /i/ : on s’accorde ainsi sur la prononciation de fusil, gentil (avec finale /i/) ou de péril, avril (avec finale /l/), mais on hésite sur celle de nombril, persil, chenil

On observe également une tendance (plus marquée en français de Belgique) à l’assourdissement des consonnes finales sonores révélatrice du caractère cyclique de certaines lois de la phonétique historique (les consonnes finales sonores se sont assourdies en gallo-roman) :

dix = /dis/ en finale absolue ~ /diz/ en liaison (donc en position intervocalique)

Alors qu’au XIXe siècle, les liaisons étaient systématiques, le français depuis le XXe siècle balance entre des situations où elles sont tantôt obligatoires, tantôt optionnelles, tantôt interdites. Cette instabilité des liaisons génère des hypercorrectismes et on observe parfois une tendance à faire la liaison là où on ne le devrait pas, notamment pour marquer le pluriel à l’oral par l’adjonction d’une désinence /z/ ou pour marquer la 3e personne du singulier par l’adjonction d’une désinence /t/ :

les quatre_ /z/_Arts
elle va_ /t/_à la ville

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

ulb ltc

L’utilisation du genre masculin dans les pages du présent site a pour simple but d’alléger le style. Elle ne marque aucune discrimination à l’égard des femmes.