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Pour conclure sur l’histoire du lexique

Tentons de donner une vision plus synthétique de notre parcours à travers l’histoire du lexique français, une vision panchronique, cette fois, c’est-à-dire une image qui ne construise plus une chronologie mais mette au jour l’apport des différentes époques selon des axes plus théoriques.

Le lexique de la langue française se caractérise au départ par un fonds latin, mêlé d’un substrat celtique et d’un superstrat francique, tous ses mots, qu’ils soient d’origine latine, celtique ou francique ayant subi l’usure naturelle du temps, c’est-à-dire une évolution phonétique spontanée, pour constituer un lexique proprement français.

Ce lexique proprement français a surtout été mis à l’honneur aux XIIe et XIIIe siècles, c’est-à-dire durant l’ancien français. À cette époque, les usagers de la langue avaient clairement perçu l’existence de bases communes à certains mots, d’une part, et, d’autre part, l’abondance et la variété des suffixes, ainsi que tout le parti qu’il y avait à tirer des combinaisons des unes et des autres : la création néologique de mots proprement français n’a jamais été si développée et le fonds proprement français du lexique n’a jamais été si riche qu’à cette époque-là.

Par la suite, un poète comme Joachim du Bellay encouragera les utilisateurs de la langue française à retrouver ces mécanismes de création de mots propres au français, mais ne sera pas réellement entendu, puisqu’à son époque, italianismes, latinismes et hellénismes l’emporteront. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que le processus néologique se remette en route, et pour qu’aux côtés des mots de composition savante (construits à partir d’éléments latins et grecs) et des emprunts, le lexique français recommence à s’ouvrir aux nouveaux mots de son cru, c’est-à-dire aux nouveaux mots créés à partir de matériau lexical français.

Italianismes, latinismes et hellénismes… autant d’emprunts à des langues autres qui témoignent toutefois d’une caractéristique fondamentale (et souvent ignorée) du lexique français : sa capacité à accueillir des mots étrangers, même si c’est après leur avoir le plus souvent fait subir un petit toilettage, après leur avoir donné un air un peu plus français. Les premiers emprunts du français ont été effectués dans les langues mortes – essentiellement le latin classique, plus rarement le grec ancien. Mais à partir de l’époque où les langues dites vernaculaires ont émergé (c’est-à-dire à partir de la Renaissance), le français a commencé à emprunter des mots à des langues bien vivantes, à l’italien tout d’abord, au XVIe siècle, puis à l’anglais, à partir du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, dans un mouvement qui n’a cessé de s’amplifier.

Cette capacité à s’enrichir, de l’intérieur comme de l’extérieur, est sans doute ce qui fait toute la singularité du lexique français.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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