Le francique pratiqué par les Francs qui s’installèrent sur le territoire auquel ils donnèrent leur nom, la France, laissera lui aussi son empreinte sur le lexique français, sous la forme cette fois de ce qu’on appelle un superstrat.
Comme le substrat, le superstrat connait différentes définitions, toutes applicables au cas du francique du colonisateur et à sa situation par rapport au latin vulgaire des colonisés :
- langue maternelle du colonisateur, qui influence la langue maternelle d’un pays sans se substituer à celle-ci ;
- langue minoritaire qui influence une langue majoritaire sans la supplanter.
Le francique, langue maternelle de l’envahisseur franc, a influencé le latin, la langue parlée en Gaule romaine à l’époque des invasions franques ; le francique est resté langue minoritaire sur ce territoire, il a influencé le latin sans jamais le remplacer, le latin est resté langue majoritaire en Francie, le pays des Francs.
Comme pour le celtique quelques siècles auparavant, les champs lexicaux dans lesquels le francique a supplanté le latin sont révélateurs des domaines dans lesquels la civilisation franque pouvait s’affirmer comme supérieure à la civilisation gallo-romaine, comme plus prestigieuse.
Les domaines du lexique français les plus touchés par le superstrat francique sont :
- la guerre
balafre, éperon, guerre, hache…
- le féodalisme
fief, gage
- la construction
auberge, loge, salle
- la nourriture
flan, gâteau, gaufre
- le corps humain
crampe, hanche, ride
- les sentiments
émoi, haine, honte, orgueil
- etc.
Le francique a aussi fourni à la future langue française :
- des adjectifs de couleurs
bleu, gris, brun, blanc
- des adverbes de quantité
guère, trop, etc.
- ainsi que les suffixes –ard et –aud
Bernhart, Reginhart
vieillard, chauffard, trouillard…
finaud, nigaud…