Revenons aux formes nominales du texte et à l’amuïssement des voyelles finales si caractéristique des dialectes de la famille gallo-romane.
La seule voyelle qui ait caractérisé tout au long des siècles la finale des noms français et la caractérise encore est le –e.
Remarque : On parle traditionnellement de ce –e comme de la marque du féminin, mais c’est oublier que c’est aussi la marque finale d’un grand nombre de mots masculins (ministre, gendarme, artiste, père, oncle… ou tout simplement homme).
Cette finale si caractéristique des mots français, nous pouvons déjà l’observer dans la version primitive des Serments, dont le copiste hésite entre fradra et fradre (‘frère’), Karlo et Karle (‘Charles’), ne sachant pas trop comment mettre par écrit ce son /ə/ si particulier au français. Ces hésitations sont une des premières manifestations de la difficulté qu’ont dû rencontrer les copistes de l’époque à transcrire, avec le matériau graphique que constituent les lettres de l’alphabet latin, des sons qui n’existaient pas en latin et pour lesquels aucun signe écrit ne pré-existait.