Le texte primitif des Serments illustre encore des verbes au futur qui ne doivent rien au latin : saluarai et prindrai – qui deviendront respectivement saluerai et prendrai.
En latin la conjugaison au futur se caractérisait soit par un infixe –bi– (cantabimus), soit par une voyelle –e (capiemus), que l’on ne retrouvera pas dans le futur du français, ni d’ailleurs dans celui d’aucune langue romane.
Les formes du futur du français, comme celles des autres langues romanes, sont toutes construites sur le même schéma, qui existait en germes dans le latin vulgaire, celui d’un verbe à l’infinitif, sur lequel viennent se greffer les finales du présent du verbe avoir :
La formation du futur des verbes français
chanterai | chanter | ai |
chanteras | chanter | as |
chantera | chanter | a |
chanterons | chanter | (av)ons |
chanterez | chanter | (av)ez |
chanteront | chanter | ont |
Les formes que l’on trouve dans le texte primitif des Serments illustrent parfaitement ce mode de formation du futur, qui achève de nous convaincre que ce fragment de texte, même s’il ressemble très peu à du français, n’est pas un fragment en latin. Seule la forme er :
in nulla aiudha contra Lodhuvig non li iu er
pourrait être analysée comme remontant à un futur latin erit – mais elle figure dans un passage du texte qui pose des difficultés d’interprétation, aussi faut-il la considérer avec réserve.