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Morphologie nominale du moyen français

L’amuïssement des consonnes finales au XIIIe siècle conduit à un déclin progressif de la déclinaison nominale dès la fin de l’ancien français, déclin qui s’accentue au XIVe siècle. Au XVe siècle, le système flexionnel du nom est complètement abandonné ; l’opposition –ø/–s ne traduit plus que l’opposition en nombre, singulier >< pluriel.

En règle générale, c’est le cas régime qui s’est conservé, du fait qu’il est infiniment plus sollicité que le cas sujet, par la variété des compléments qu’il marque (rappelons qu’il cumule les fonctions de 4 anciens cas latin).

Le cas sujet ne se conserve plus au XVe siècle que pour quelques noms dont l’opposition casuelle reposait sur une alternance de radical et qui étaient statistiquement plus usités au cas sujet qu’au cas régime, à savoir des noms de personnes, susceptibles d’être utilisés comme termes d’adresse : fils, sœur, sire

Dans certains cas, la langue a conservé les deux formes du cas sujet et du cas régime, spécialisant chacune d’elles :

  • soit sémantiquement :

pastre (CS) >< pasteur (CR) → pâtre (gardien des troupeaux) >< pasteur (gardien des âmes)
copain (CS) >< compagnon (CR) → copain (personne que l’on apprécie) >< (personne avec qui on partage certaines activités)
gars (CS) >< garçon (CR) → homme dans un registre familier >< enfant de sexe masculin

  • soit fonctionnellement :

on (CS) >< homme (CR) → on (pronom) >< homme (nom)

La phonétique avait fait évoluer de manière divergente le singulier et le pluriel de certains noms – en cause ici la désinence –s, résistante jusqu’au XIIIe siècle et par là susceptible jusqu’à cette même époque de conditionner l’évolution des phonèmes antécédents :

chevel > < cheveux
bel >< beaux

L’analogie va jouer auXVIe siècle ; après quelques tâtonnements, les usagers de la langue vont reconstruire des couples singulier-pluriel homogènes :

  • les singuliers du type chastel sont refaits sur le modèle du pluriel

chastel >< chasteaux → chateau >< chasteaux

  • certains singuliers du type animal sont refaits sur le modèle du pluriel  mais la réfection ne sera que transitoire pour ces derniers, dont le singulier restera définitivement différent du pluriel :

animal >< animaux → animau >< animaux → animal >< animaux

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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L’utilisation du genre masculin dans les pages du présent site a pour simple but d’alléger le style. Elle ne marque aucune discrimination à l’égard des femmes.