Au XVIIe siècle siècle, la morphologie nominale n’évolue plus guère que dans des sphères très réduites :
- l’article es, résultant de l’enclise de en les en protofrançais, sort de l’usage et cède sa place à dans les, de même que l’article ou, résultant de l’enclise de en le, réinterprété en au (< a le) ;
- la forme ça, réduction de cela, fait son apparition ;
- les relatifs du paradigme lequel, qui prolifèrent en moyen français, sont délaissés au profit du paradigme hérité du latin (qui, que, quoi, dont, où) ;
- le pronom on commence à concurrencer nous.
La restitution de la prononciation de certaines consonnes finales a à cette époque des effets inattendus dans le domaine de la suffixation nominale.
Le suffixe –eur des noms d’agent se prononçait en effet depuis le moyen français de la même manière que le suffixe –eux, de sorte qu’il a parfois été mis en relation avec un féminin en –euse, plutôt qu’avec un féminin étymologique en –eresse. Au moment du rétablissement du /r/ final, ces féminins refaits ont pu concurrencer les féminins étymologiques, quand ils ne les ont pas évincés :
chanteur = [∫antør] → fém. chanteresse [∫antœrεs]
vs
chanteur = [∫antø] → fém. chanteuse [∫antøz]
parallèlement à
amoureux = [amurø] > fém. amoureuse [amurøz]