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Syntaxe de l'ancien français

L’ancien français met en place un système de construction de  phrases complexes qui repose essentiellement sur l’usage d’un que polyvalent, qui tient tantôt du coordonnant, tantôt du subordonnant, tantôt du pronom. Coordonnant, il est essentiellement explicatif (‘car’) ; subordonnant, il engendre aussi bien des nuances temporelles que causales, finales… ; pronom, il est apte à occuper n’importe quelle fonction, outre celle, canonique, d’objet : complément de temps, sujet… Ce sont tous les mécanismes de subordination qui se mettent ainsi progressivement en place.

Les formes verbales au subjonctif occupent dans la construction de ces mécanismes une place privilégiée. Très présentes dans les textes en ancien français, on les retrouve aussi bien en phrase régissante qu’en subordonnée. En phrase régissante, elles sont surtout liées à l’expression de l’injonction (souhait, commandement, prière, refus) et de l’hypothèse (irréel, potentiel). Dans les subordonnées elles apparaissent essentiellement dans le sillage de verbes exprimant l’injonction (volonté, nécessité, commandement, conseil, consentement, défense, crainte), les autres verbes appelant l’indicatif.

Le corpus de l’ancien français permet aussi de systématiser d’intéressantes observations sur l’ordre des mots en français, que préfiguraient déjà les témoins linguistiques du protofrançais.

L’ordre des mots préférentiel adopté en ancien français apparaît comme un ordre des mots sémantique, qui peut se résumer dans la formule T-V-Xn, où

  • T est un groupe topicalisé, c’est-à-dire mis en relief, quelle qu’en soit la fonction syntaxique – sujet, complément d’objet, complément circonstanciel… ;
  • V, le verbe, occupe préférentiellement la position 2 ;
  • Xn désigne un nombre n de groupes, parmi lesquels figurent généralement la patient (c’est-à-dire celui ou ce sur qui ou quoi porte l’action du verbe) et peuvent figurer le sujet et un nombre indéterminé de compléments.

Ceci revient à dire que, dans cet état de langue, la position devant le verbe ne peut pas être vide, mais ce qui figure devant le verbe n’est pas nécessairement le sujet, dont la formulation n’est pas obligatoire (les marques désinentielles suffisent à donner des indications sur le sujet).

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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