ghf

Les finales de mots

Mettons en regard la version primitive du serment de Louis à Charles, et la récriture que Brunot en a donnée en français du XIe siècle.

Les serments, version primitive
Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun saluament, d’ist di in auant, in quant Deus sauir et podir me dunat, si saluarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra saluar dift, in o quid il mi altresi fazet. Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai qui, meon uol, cist meon fradre Karle in damno sit.
Si Lodhuvigs sagrament, que son fradre Karlo jurat, conservat, et Karlus meo sendra de suo part non lo suon tanit, si io returnar non l’int pois, ne io ne neüls cui eo returnar int pois, in nulla aiudha contra Lodhuvig non li iu er.

Les serments, récriture du texte dans la langue du XIe siècle
Por Dieu amor et por del crestiien poeple et nostre comun salvement, de cest jorn en avant, quan que Dieus saveir et podeir me donet, si salverai jo cest mien fredre Charlon, et en aiude, et en chascune chose, si come on par dreit son fredre salver deit, en ço que il me altresi façet, et a Lodher nul plait onques ne prendrai, qui mien vueil cest mien fredre Charlon en dam seit.
Se Lodevis lo sairement que son fredre Charlon jurat, conservet, et Charles, mes sire, de soe part lo soen ne tient, se jo retorner ne l’en puis, ne jo ne neuls cui jo retorner en puis, en nulle aiude contre Lodevic ne li i ier.

Si nous observons les finales de mots, nous ne pouvons que confirmer les observations déjà faites sur la version primitive du texte.

Brunot allonge à peine la liste des noms à finale consonantique en introduisant dans son texte le mot jorn (‘jour’) là où les Serments avaient le mot di (‘jour’), Charlon  là où les Serments avaient Karle ou Karlo, mais surtout il stabilise la finale –e, là où le texte primitif hésitait encore, comme pour le nom fredre ; il étend la finale –e à d’autres mots, masculins et féminins : poeple (on avait poblo), aiude (on avait aiudha), chascune (on avait cadhuna), chose (on avait cosa), sire (on avait sendra), nulle (on avait nulla).

On retrouve également un –e à la finale d’un mot indifférent au trait de  genre : contre (on avait contra), de même que, suivi de la désinence –t, à la finale de verbes : donet, conservet (on avait dunat, conservat).

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

ulb ltc

L’utilisation du genre masculin dans les pages du présent site a pour simple but d’alléger le style. Elle ne marque aucune discrimination à l’égard des femmes.