Tout aussi discrète que l’effacement du –s de Dieus est la réapparition du h de l’adjectif chrestien.
Le système graphique du moyen français se caractérise par la réintroduction dans les mots de lettres étymologiques, c’est-à-dire de lettres qui figuraient dans les étymons latins (ou grecs). Ces lettres étymologiques avaient certes disparu de la prononciation depuis longtemps, mais elles ont été retrouvées, notamment à la faveur de l’entreprise généralisée de traductions en langue française des textes latins. Des textes latins devenus à cette époque incompréhensibles même aux lettrés et qu’on s’est mis à traduire massivement dans une langue comprise d’un nombre grandissant de personnes : le français.
Le h étymologique de l’adjectif christian qu’on a dans la version primitive des Serments et que Brunot avait effacé, à bon escient, dans sa récriture en français du XIe siècle, refait ici son apparition dans la récriture en français du XVe siècle, tout aussi légitimement.