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Phonétique et prononciation de l'ancien français

Sur le plan vocalique, l’accent tonique du latin vulgaire avait généré en gallo-roman et en protofrançais de nombreuses diphtongues par segmentation, en même temps que la palatalisation et la vélarisation de consonnes avaient généré de nouvelles voyelles /i/ et /u/ créant de nombreuses diphtongues par soudure.

Toutes les diphtongues créées durant la phase gallo-romanes et en protofrançais étaient ce qu’on appelle des diphtongues descendantes, c’est-à-dire qu’elles connaissaient un premier segment plus nettement articulé que le second. Mais à la fin de l’ancien français, la tension articulatoire des diphtongues va se déplacer du premier sur le second segment vocalique. Se formeront alors des diphtongues ascendantes dont le premier segment, devenu atone, va rapidement se consonantiser, les diphtongues se réduisant alors à des voyelles simples :

/ɛ/ > /ɛ́ɛ̯/ > /iɛ̯/ > /ie̯/ > /i̯e/ > /je/
pĕ́dĕm > pied

/ɔ/ > /ɔ́ɔ̯/ > /úɔ̯/ > /uo̯/ > /ue̯/ > /ye̯/ > /yø̯/ > y̯ø > /ɥø/ > /ø/
Mŏ́săm > Meuse

Cette réduction des diphtongues débouchera sur l’acquisition d’une nouvelle voyelle /ø/, ainsi que de la semi-consonne /ɥ/.

Le système vocalique, qui perd la quasi-totalité de ses diphtongues, se trouve toutefois enrichi de deux voyelles nasales.

On se souvient en effet que la nasalisation des voyelles françaises, débutée au XIe siècle, progresse par palier. La nasalisation de /a/ s’achève en protofrançais ; en ancien français, tandis que la nasalisation de /e/ et /ɛ/ s’achève sous la forme d’un /ɑ̃/ ou d’un /ɛ̃/, commence au XIIe siècle la nasalisation des voyelles /o/ et /ɔ/, qui s’achèvera au siècle suivant en /ɔ͂/ – le système de l’ancien français gagne donc deux nouvelles voyelles nasales..

Le système consonantique ne s’enrichit que peu : si on enregistre l’acquisition de la semi-consonne /ɥ/ au cours du processus de réduction des diphtongues, on perd les affriquées, qui se réduisent à des consonnes de simple articulation :

/ʧ/ > /ʃ/
/ʦ/ > /s/
/ʤ/ > /ʒ/
/ʣ/ > /z/

En réalité, les changements les plus significatifs entre la phonétique du protofrançais et celle de l’ancien français prendront place à un autre niveau. L’ancien français connaitra en effet au XIIIe siècle un amuïssement généralisé de ses consonnes finales (seules les nasales faisant exception, du fait de leur implication dans le processus de nasalisation des voyelles antécédentes), un amüissement qui aura des conséquences grammaticales majeures pour la langue française, dont tout le système structural se trouvera réorganisé, mais des conséquences qui ne commenceront à se faire sentir qu’en moyen français.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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