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Le lexique au XIIIe siècle

Sur le plan du lexique, le XIIIe siècle se présente comme l’âge d’or de la langue française.

Les emprunts au celtique, au francisque, au norrois et à l’anglais, d’une part, les mots latins introduits au siècle précédent dans la langue sous une forme à peine francisée, d’autre part, la multiplicité des suffixes et la grande latitude de greffer tout suffixe sur toute base nominale ou verbale… tout cela fait du lexique français du XIIIe siècle un lexique d’une extrême richesse, dont nous avons du mal à mesurer l’ampleur, d’autant plus de mal d’ailleurs que la diversité lexicale est démultipliée par une polysémie généralisée.

Définition : Polysémie
La polysémie est la propriété qu’ont certains signes de la langue d’offrir plusieurs sens.
Violon = instrument de musique
Violon = celui qui joue du violon
Violon = prison

En ancien français, la polysémie était en effet bien plus étendue qu’elle ne l’est aujourd’hui. De nombreux mots ne prenaient réellement leur sens qu’en fonction de leur contexte : un prod home était, selon le cas, un homme courageux, réfléchi, vertueux, habile, bon…

La diversité lexicale est démultipliée non seulement par une polysémie généralisée, mais également par une grande amplitude de variation diatopique, un même mot-source latin livrant parfois des résultats très différents d’un dialecte à un autre.

L’absence de consensus orthographique amplifie encore cette diversité en la transposant sur le plan de l’image visuelle que nous avons conservée de tous ces mots. À titre d’illustration, voici les graphies recensées par Frédéric Godefroy dans son dictionnaire de l’ancien français (1881 : s.v. creme) pour la seule vedette[1] creme ‘crainte’ :

creme, cresme, creime, craime, crieme, criemme, crime, crymme

Au XIIIe siècle, la composante proprement française du lexique, c’est-à-dire le lexique des mots ne résultant pas d’emprunts au latin classique ou à des langues contemporaines, est infiniment plus riche que la même composante française du lexique français d’aujourd’hui et n’a même jamais été si riche qu’à cette époque-là : l’évolution ira par la suite vers un inéluctable appauvrissement, conscient ou inconscient, du lexique français dans sa composante proprement gallo-romane.


[1]En lexicographie, une vedette ou mot-vedette est un mot faisant l’objet d’une entrée au dictionnaire.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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