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Le lexique depuis le XXe siècle

Jusqu’au XVIIe siècle, l’influence anglaise sur le français a été insignifiante : 8 mots ont été puisés dans le réservoir anglais au XIIe siècle, 2 au XIIIe, 11 au XIVe, 6 au XVe, 14 au XVIe, puis 67 au XVIIe, 134 au XVIIIe, 377 au XIXe et… 2150 au XXe siècle, d’après le recensement des lexicographes.

Les emprunts à l’anglais d’outre Manche ont pénétré massivement la langue française dès la fin du XIXe siècle, et vers le milieu du XXe siècle, les États-Unis ont pris le relai de la Grande-Bretagne en apportant au français nombre de termes en relation avec le cinéma, les produits industriels, le commerce, le sport, et d’une manière générale avec tout ce qui touche aux sciences et aux technologies. On recense dans les dictionnaires français actuels plus de 2 500 mots empruntés à l’anglais. Cette liste pourrait considérablement s’allonger si on prenait en compte certains lexiques spécialisés, notamment le technolecte de l’Internet.

Cette influence anglo-américaine est encore trop récente pour que nous puissions évaluer ce qu’il en restera dans 50 ou 100 ans (il ne reste aujourd’hui que 698 des milliers d’italianismes qui ont envahi la langue française au XVIe siècle), mais même si une grande partie des anglicismes d’aujourd’hui ne sera que transitoire, l’influence de la langue anglaise restera plus que vraisemblablement très marquante dans l’histoire du lexique français.

La langue française cherche désormais à se prémunir contre l’envahissement de son lexique par l’anglais en recourant à différents organismes linguistiques, qui travaillent de concert dans les pays où la langue française est une langue vernaculaire dominante (France, Belgique, Suisse, Canada) pour recenser les besoins lexicaux et créer de nouveaux mots français qui devraient supplanter les anglicismes ou qui pourront, plus simplement, répondre aux besoins nouveaux :

web > toile
mail > courriel ; spam > pourriel
selfie > égoportrait

On doit notamment à ces organismes de veille linguistique l’entrée dans le lexique français des dernières années du XXe siècle d’une série de féminins néologiques :

 auteure, écrivaine, ingénieure, pompière, femme grenouille…

découlant des dispositions légales en matière de féminisations des titres et fonctions – certaines des créations néologiques posant toutefois des problèmes de conflits lexicaux :

coiffeuse, cafetière…

Ces exemples nous montrent que le rôle des institutions linguistiques actuelles ne se limite pas à verrouiller l’entrée de mots anglais : il consiste aussi à revitaliser la création de mots français.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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L’utilisation du genre masculin dans les pages du présent site a pour simple but d’alléger le style. Elle ne marque aucune discrimination à l’égard des femmes.