La morphologie nominale du latin vulgaire simplifie à différents égards celle du latin classique.
Le latin classique, disposant de trois genres nominaux, connaissait déjà des hésitations relatives au neutre. En latin vulgaire, les abandons du neutre sont multiples :
- les neutres en –um/–i et en –us/–oris s’alignent sur les masculins en –us/–i :
templum/templi → *templus/templi
tempus/temporis → *tempus/tempi
- les neutres plus couramment employés au pluriel –a/–orum s’alignent sur les noms féminins en –a/–ae :
gaudia/gaudiorum → gaudia/gaudiae
- les autres noms neutres refont leur déclinaison en s’alignant tantôt sur des masculins tantôt sur des féminins :
caput/caputis → *capus/capi
mare/maris → *maris/maris
Cette élimination progressive du neutre (on admet généralement qu’elle aboutit au VIIe siècle dans le secteur strictement nominal) s’accompagne d’échanges de genre entre certains masculins et certains féminins : les masculins abstraits deviennent féminins (dolor), les noms d’arbres féminins deviennent masculins (malus, prunus)…
Le latin vulgaire réduit également à trois les cinq paradigmes de la déclinaison nominale du latin classique :
- les noms de la 4e déclinaison s’alignent sur ceux de la 2e :
fructus/fructus → fructus/fructi
- ceux de la 5e s’alignent sur ceux de la 1re :
nures → *nura
Définition : Paradigme
Le paradigme est l’ensemble des formes que peut prendre un mot fournissant un modèle de déclinaison ou de conjugaison.
Parallèlement à la réduction des paradigmes, le latin vulgaire réduit le nombre des cas, tant pour la déclinaison du nom que pour celle de l’adjectif (la déclinaison des pronoms sera plus résistante).
Les particularités de la prononciation du latin vulgaire ont en effet des conséquences importantes dans le domaine de la déclinaison nominale :
- causam (acc. sing) se prononce en latin vulgaire comme le latin classique causă (nom. sing) et causā (abl. sing.) ;
- murum (acc. sing.) se prononce comme murō (dat./abl. sing.).
Il en est résulté qu’au Ve siècle, le latin vulgaire ne connaissait plus qu’une déclinaison bicasuelle, c’est-à-dire une déclinaison réduite à deux cas pour l’ensemble des noms et adjectifs : le nominatif et l’accusatif.