Le moyen français couvre la période qui va du XIVe au XVIe siècle.
Ce chronolecte est très souvent présenté dans les grammaires historiques comme une « plaque tournante » dans l’histoire de la langue française. Pourtant, la charnière entre une langue française « ancienne » et une langue française « moderne » se situe au XIIIe siècle : l’amüissement des consonnes finales au XIIIe siècle a provoqué un réel séisme linguistique et a été le vrai catalyseur de l’émancipation de la langue française.
De ce séisme, le moyen français subira tous les contrecoups, donnant l’image d’un chronolecte désorganisé, ébranlé en profondeur. C’est d’ailleurs ce qui fait toute la difficulté de la description de cet état de langue, à la recherche d’un nouvel équilibre.
Une fois encore, l’unité de ce chronolecte se fonde essentiellement sur des observations d’ordre littéraire : le moyen français est l’époque de l’émergence de la prose, comme l’ancien français était celle de l’émergence de la poésie. Les considérations littéraires liées aux corpus qui alimentent la réflexion linguistique ne sont pas négligeables ; elles ont certes un réel impact sur la langue, mais n’en définissent pas l’essence. C’est peut-être ce qui fait que les limites du moyen français sont particulièrement fuyantes, les spécialistes ne s’accordant ni sur sa limite initiale (terminus a quo) ni sur sa limite finale (terminus ad quem). Ce qui nous importe de retenir ici est que le corpus du moyen français est un corpus mixte fait de textes en prose et de textes poétiques, mais demeure avant tout un corpus textuel, même si d’intéressants débats sur la prononciation, et donc sur la forme orale de la langue, commencent à prendre place dans le paysage linguistique.
Si nous adoptons un point de vue plus linguistique que littéraire, il apparait plus pertinent de fixer la limite finale du moyen français vers le milieu du XVIe siècle, au moment où commence à se développer une réflexion grammaticale qui aura pour effet de modifier profondément la manière dont la langue va évoluer. En revanche, sa limite initiale peut être maintenue au lendemain des évènements majeurs qui prirent place au XIIIe siècle.
Nous examinerons successivement :