Le cas des langues congolaises montre bien que le concept de « langue véhiculaire » ou de « langue de communication » est un concept très important, que ce soit à l’échelle des pays ou à l’échelle internationale.
Mais si le français a été par le passé une langue véhiculaire à l’échelle tant nationale (langue des poètes) qu’internationale (langue de la diplomatie), à l’heure actuelle, ce n’est pas l’usage du français le plus saillant, à moins de considérer comme véhiculaire l’usage particulier qui est fait du français pour communiquer avec l’administration (mais on a vu que cela relevait de l’usage du français comme langue officielle ou comme langue administrative) ou pour scolariser les enfants (usage qu’il nous faut encore examiner).
Cela n’empêche que le français est à l’heure actuelle utilisé comme langue véhiculaire de manière assez significative, par exemple dans le domaine de l’olympisme ou, pour rester dans le domaine du sport, en escrime ; d’une manière plus subjective, le français est aujourd’hui la langue emblématique d’un certain art de vivre.
En d’autre terme, si l’usage véhiculaire du français n’est pas un usage saillant, il demeure pertinent et mérite incontestablement de rester dans notre inventaire des usages du français au sein de la francophonie.
Il n’y a donc rien à corriger à notre définition de la francophonie, sauf peut-être à remplacer l’appellation « langue de communication », par celle, plus communément admise dans le contexte des travaux de linguistique, de « langue véhiculaire » :
Définition : Francophonie
Ensemble des personnes, institutions et régions qui ont le français en partage, quel que soit l’usage que ces personnes, institutions ou régions font du français (langue maternelle ou co-maternelle, langue officielle ou co-officielle, langue administrative, langue d’usage, langue d’enseignement, langue choisie, langue de culture, langue véhiculaire…)
Si notre définition de la francophonie n’est pas remise en question par l’examen de différents cas de langues véhiculaires, la définition couramment reçue de la notion de langue véhiculaire s’est, elle, révélée plus qu’embarrassante.
En effet, cette définition fait d’une langue véhiculaire une langue apprise en plus de la langue maternelle, au sein d’une ou plusieurs communautés, par des personnes de langues maternelles différentes pour communiquer entre elles et si une telle définition est, au moins partiellement, en adéquation avec les différents cas de figure qui ont été examinés ici à l’échelle de l’histoire des langues – le pitinègue, le latin classique de l’époque de Charlemagne ou de celle d’Érasme –, on ne peut exclure les cas dans lesquels, à une échelle plus réduite, une langue maternelle peut servir de langue de communication, ni le cas trivial des langues officielles, qui sont les langues de communication avec l’administration, qui peuvent être tantôt des langues maternelles, tantôt des langues acquises, comme nous l’avons vu précédemment. Nous devons donc revoir la définition de la langue véhiculaire afin de la mettre en adéquation avec les observations que nous avons faites de différentes situations de communication :
Définition : Langue véhiculaire ou de communication
Une langue véhiculaire ou de communication est une langue utilisée pour communiquer entre elles, au sein d’une ou plusieurs communautés, par des personnes de langues maternelles différentes.