Nous venons de voir que ce que l’on appelle « latinisation » de la Gaule est l’aboutissement d’un processus complexe, au cours duquel différentes langues ont interagi.
Nous venons de voir qu’au final, c’est la variété basse du latin qui s’est imposée comme langue vernaculaire, c’est-à-dire comme langue de la communication courante, de la Gaule romanisée, au détriment du celtique (qui ne survit que dans les zones inaccessibles au Romains, donc au latin), ainsi que comme langue de l’administration, au moins à partir du moment où les postes administratifs sont devenus accessibles aux Gaulois.
Ce constat ne doit toutefois pas masquer le fait que dans les domaines des sciences, des techniques, de la culture, de l’enseignement et du culte –, c’est-à-dire dans toutes les fonctions occupées initialement par les Romains, c’est le latin classique qui était utilisé. Mais ce latin classique n’était plus d’usage que dans une faible partie de la population, celle des hauts fonctionnaires et des lettrés, de sorte que, même si le latin classique occupe dans la Gaule romanisée davantage de fonctions que le latin vulgaire, c’est le latin vulgaire qui est la langue la plus pratiquée dans la Gaule romanisée, c’est-à-dire une langue majoritaire.
On peut synthétiser la situation linguistique de la Gaule romanisée sous la forme d’un tableau :
La situation linguistique de la Gaule romaine
Langue de l’administration | latin classique |
Langue véhiculaire | (latin vulgaire) |
Langue de référence | latin classique |
Langue d’enseignement | latin classique |
Langue du culte | latin chrétien |
Langue vernaculaire | latin vulgaire (+ celtique) |
Le latin chrétien utilisé comme langue du culte était une variante simplifiée et imagée du latin classique (moins basse que le latin vulgaire sur l’échelle de prestige, mais plus basse que le latin classique).