Reprenons la définition de la francophonie que nous avons forgée à l’issue de nos recherches dans les dictionnaires et les encyclopédies ainsi que sur la toile :
Définition : Francophonie
Ensemble des personnes, institutions et régions qui ont le français en partage, quel que soit l’usage que ces personnes, institutions ou régions font du français (langue maternelle, langue d’usage, langue administrative, langue d’enseignement, langue choisie, langue de culture, langue officielle, langue de communication…)
De la définition de la langue officielle qui vient d’être produite – « langue utilisée dans l’administration d’un pays ou d’une région » –, on pourrait induire que « langue officielle » et « langue administrative », deux expressions présentes dans notre définition de la francophonie, sont deux caractérisations synonymes et qu’il n’est pas utile de les dissocier dans la définition de la francophonie. Or nous allons voir que ce n’est pas tout à fait le cas.
Nous avons vu qu’une langue devient officielle par décision politique, le caractère officiel de la langue s’inscrivant dans la constitution. Mais tous les pays n’ont pas fait cette démarche d’inscription d’une langue dans leur constitution et ne se sont donc pas dotés d’une langue officielle. La langue officielle est notamment la grande absente de la constitution des États-Unis d’Amérique, dont c’est une singularité, même si dans les faits c’est l’anglais qui est utilisé dans l’administration des États-Unis : à défaut d’avoir défini l’anglais comme langue officielle, les États-Unis l’ont adopté comme langue administrative. La Grande-Bretagne n’a pas non plus élevé de langue au rang de langue officielle, même si dans les faits c’est l’anglais qui assure cette fonction sur tout le territoire ; il en va de même encore de l’Italie, qui n’a pas inscrit l’italien comme langue officielle dans sa constitution. Et l’on trouverait encore de nombreux exemples de ce type.
De cet état de fait, il résulte que, si une langue officielle est toujours une langue administrative, une langue administrative peut ne pas être une langue officielle. Ce constat n’est pas anodin ; il doit nous amener à conserver dans notre définition la mention de l’usage administratif de la langue, pour opposer la langue officielle (situation de droit) et la langue administrative (situation de fait) ; en revanche, nous pouvons dans notre définition rapprocher les deux caractérisations pour mieux mettre en lueur leur proximité et leurs affinités :
Définition : Francophonie
Ensemble des personnes, institutions et régions qui ont le français en partage, quel que soit l’usage que ces personnes, institutions ou régions font du français (langue maternelle, langue d’usage, langue officielle, langue administrative, langue d’enseignement, langue choisie, langue de culture, langue de communication…)
Dans la suite de l’exposé, nous parlerons essentiellement des langues officielles, par commodité, mais il ne faudra pas perdre de vue que tout ce qui sera dit des langues officielles pourra être transporté aux langues administratives (alors que l’inverse n’est pas vrai).