Aux trois configurations identifiées par Fishman, on peut en ajouter une quatrième, la configuration dans laquelle il n’y aurait ni diglossie ni bilinguisme.
Aux yeux de Fishman, cette configuration ne peut exister que lors d’une absence totale de contact des langues, dont il estimait qu’elle ne pouvait concerner que de petites communautés linguistiques. C’est donc une configuration dont il a écarté l’étude.
Pourtant, cette configuration correspond à celle que l’on rencontre dans différents pays d’Europe, comme la France, les Pays-Bas ou le Portugal (encore que le cas du Portugal soit un peu particulier), déjà évoqués au début du cours comme des exemples de pays où une seule langue assume toutes les fonctions.
Il est important de rappeler ici que Fishman, à l’encontre de Ferguson, considère que pour qu’il y ait diglossie, il faut que deux langues différentes soient en contact. Sur la base de cette définition, les Français, les Portugais ou les Néerlandais (les « Hollandais ») ne constituent une communauté linguistique ni diglossique ni bilingue.
En revanche, en regard de la définition de Ferguson, pour lequel il y a diglossie quand deux variantes d’une langue sont en contact, les Français, les Portugais ou les Néerlandais pourraient être diglossiques ou bilingues. En France et aux Pays-Bas, la réhabilitation des langues régionales (chtimi, provençal… en France, frison aux Pays-Bas) peut ramener les individus au bilinguisme, et qui sait, à plus long terme, à la diglossie. Quant au Portugal, s’il ne reconnait aucune langue régionale ou aucune minorité linguistique, il reconnait toutefois la langue des signes portugaise comme langue officielle au même titre que le portugais, ce qui instaure une configuration linguistique un peu particulière (tous les Portugais ne pratiquent pas la langue des signes), qui relève plutôt de la diglossie sans bilinguisme.