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Quelques exemples extérieurs à la francophonie

Aujourd’hui, à l’heure de la globalisation et de l’internationalisation, les langues véhiculaires sont plus que jamais une réalité. La tentative de forger un nouvel artéfact qui aurait fait office de langue véhiculaire sous le nom d’esperanto a certes échoué, mais l’anglais joue désormais essentiellement ce rôle de langue véhiculaire internationale, ou plus précisément, c’est un artéfact de l’anglais, appelé « basic english » (expression dans laquelle le mot basic est l’acronyme de ‘British American Scientific International Commercial’) mis en au point vers 1940 pour rendre l’anglais rapidement assimilable par les populations issues de la colonisation – l’équivalent anglais du « petit nègre », donc.

Mais si l’anglais est devenu la langue véhiculaire par excellence à l’échelle internationale, à d’autres niveaux, d’autres langues peuvent assurer la même fonction.

Revenons quelques instants sur le cas des quatre langues représentatives de la RDC – kiswahili, lingala, kikongo, ciluba –, pays qui illustre de manière très significative tous les niveaux où le recours à des langues véhiculaires peut se faire sentir.

Une des langues les plus pratiquées de cet immense pays d’Afrique Centrale est le kiswahili. Le kiswahili n’est pas une langue endogène de la RDC : cette langue a pour berceau les iles de Zanzibar et de Pemba (dans l’océan Indien, au large des côtes de la Tanzanie).

Aire swahiliphone[1]
kiswahili

Mais cette langue est devenue au fil des siècles une langue véhiculaire utilisée de l’est à l’ouest de l’Afrique centrale ; de nos jours, principalement du fait du soutien de cette langue par l’actuel président de la RDC, dont c’est la langue maternelle, le kiswahili est l’une des langues maternelles les plus pratiquées en RDC.

Le lingala, deuxième langue la plus pratiquée en RDC, est une langue qui n’est attachée à aucune ethnie de la RDC ni d’ailleurs : c’est de fait un dérivé du bobangi, langue véhiculaire forgée dans le passé pour communiquer entre eux par les marchands installés sur les rives de la rivière Ubangi (un des plus importants affluents du fleuve Kongo). Le cas du lingala est relativement similaire à celui de la langue de nos poètes médiévaux, même si ce ne sont pas les mêmes groupes sociaux qui sont touchés par les besoins de communiquer dans l’un et l’autre cas – ici nous sommes dans le domaine du commerce, là nous étions dans celui de la culture.

Les deux dernières langues mentionnées comme langues maternelles représentatives de la RDC, le kikongo et le ciluba, sont quant à elles des langues endogènes de la RDC, spécifiquement rattachées à des ethnies locales : celle des Kongo, d’une part, et celle des Luba, d’autre part. Mais ces langues, telles qu’on les identifie aujourd’hui, font également office de langues supradialectales chapeautant l’ensemble des dialectes kongo et luba, c’est-à-dire que ce sont des langues véhiculaires, à l’échelle locale cette fois. En définitive, les quatre langues dites nationales de la RDC sont toutes des langues véhiculaires, supradialectales à des degrés variés.


[1]D’après http://en.wikipedia.org/wiki/File:Maeneo_penye_wasemaji_wa_Kiswahili.png – consulté en janvier 2015.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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