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Depuis le XXe siècle

Le processus de francisation de la France, sous couvert de scolarisation, mis en place au XIXe siècle, se poursuit pour s’achever au XXe siècle : au cours de ce siècle, le latin a été totalement abandonné, au profit du français en tant que langue d’enseignement tant dans les écoles primaires (processus entamé au siècle précédent) que dans les établissements secondaires.

Le latin est toutefois resté longtemps la langue de l’université : si les enseignements s’y sont faits de plus en plus généralement en français, le latin est demeuré la langue des dissertations doctorales en France au moins durant la première moitié du XXe siècle – en Belgique, on semble y avoir renoncé plus tôt, mais les diplômes universitaires sont restés longtemps (jusqu’à la fin du XXe siècle) délivrés en latin.

Autre fait notable : dans le domaine du culte, le concile de Vatican II (tenu à partir de 1962) a encouragé l’usage, limité, des langues vernaculaires à la place du latin  – le message de Charlemagne a mis plus de dix siècles pour être entendu… encore les intégristes tendent-ils à revenir aujourd’hui à l’usage du latin (mais le pape utilise désormais une langue vernaculaire pour communiquer avec les fidèles et les pèlerins).

Sur un autre plan, l’invention de la radio (les premières émissions radiodiffusées en français remontent à 1921), l’invention de la télévision (les premières émissions télédiffusées en français l’ont été à partir de 1932) ont contribué à généraliser la propagation d’un français de plus en plus standardisé. Mais dans le même temps, dans le prolongement du mouvement romantique, la France a pris, comme le reste de l’Europe, conscience que la vague d’éradication des patois lui avait fait perdre une part importante de son patrimoine culturel. Diverses mesures ont été prises, au niveau national et international, pour réhabiliter les patrimoines culturels – même si la France ne fait pas partie des pays qui ont ratifié la « Charte européenne des langues régionales ou minoritaires » (1992). Des langues qu’on avait cru mortes se sont ainsi trouvé ressuscitées et le patrimoine culturel qu’elles révèlent s’est trouvé réhabilité. Le mouvement n’a pas été uniquement européen, il a été mondial ; c’est ainsi que l’usage du français en Louisiane (évoqué au moment de traiter des langues minoritaires) a lui aussi été réhabilité au XXe siècle. Mais, en France, les mesures prises ont été essentiellement conservatoires et n’ont pas contribué à faire reculer le français non dialectal, qui s’était imposé dans tous les secteurs :

La situation linguistique depuis le XXe siècle

  Au XIXe siècle Depuis le XXe siècle
Langue de l’administration français français
Langue véhiculaire français français
Langue du culte latin classique + français français
Langue de la culture français français
Langue du savoir scientifique français français
Langue d’enseignement latin classique + français français + langues régionales
Langue vernaculaire français français + langues régionales

Ajoutons à ce tableau que la colonisation de l’Afrique, généralisée dans la seconde moitié du XIXe siècle, s’est intensifiée au début du XXe siècle, contribuant à étendre encore l’espace francophone :

Les empires coloniaux de l’Afrique en 1914
afrique colonisee

La France a en effet mené – et mène toujours – dans les pays qu’elle a colonisés une politique d’assimilation linguistique intense, ce qui explique la situation linguistique des colonies françaises d’Afrique évoquées dans le chapitre consacré aux usages sociaux de la langue. Les pays d’Afrique du nord colonisés par la France (Algérie, Maroc) sont ainsi devenus pleinement francophones pendant l’ère coloniale, alors qu’ils étaient originellement arabophones (plus rarement ou partiellement berbérophones) et le sont redevenus après l’époque coloniale.

La Belgique en revanche n’a jamais mené de politique linguistique au Congo, pour des raisons essentiellement historiques (le Congo n’était pas au départ une possession de la Belgique, mais une possession de Léopold II) ; l’apprentissage du français s’y est mis en place de manière informelle, par le biais des missionnaires qui éduquaient les enfants, et l’usage du français y est resté cantonné à l’administration et à l’enseignement.

Ainsi s’expliquent les statuts différents du français dans les anciennes colonies françaises et belges. Mais dans l’un et l’autre cas, la colonisation a débouché sur une expansion de l’espace francophone, l’Afrique étant même présentée aujourd’hui dans certaines statistiques comme le continent comptant le plus grand nombre de locuteurs du français (des statistiques qui supposent que dans les pays anciennement colonisés par la France ou la Belgique, toute la population a adopté la langue de l’ancien colonisateur, alors que la réalité de terrain est bien différente).

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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