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Qu’est-ce qu’une langue véhiculaire ?

Dans l’optique de la sociolinguistique, la langue véhiculaire se définit usuellement de la manière suivante :

Définition : Langue véhiculaire
La langue véhiculaire se définit traditionnellement comme une langue apprise en plus de la langue maternelle, au sein d’une ou plusieurs communautés, par des personnes de langues maternelles différentes pour communiquer entre elles.

De cette définition de la langue véhiculaire comme une langue apprise en plus de la langue maternelle, donne à inférer que « langue maternelle » et « langue de communication » sont deux concepts qui s’excluraient mutuellement puisque chez une même personne, la langue de communication va s’ajouter à la langue maternelle et que d’après cette définition une même personne n’aura pas une même langue à la fois comme langue maternelle et langue de communication. Si nous partons de cette définition de la langue véhiculaire, nous ne pouvons que donner raison au concepteur de la carte du MAEE d’avoir disjoint en rouge les personnes qui usent du français comme langue maternelle et en vert celles qui usent du français comme langue de communication.

On peut toutefois s’interroger sur le bien-fondé d’une telle définition de la langue véhiculaire.

Prenons comme cas de figure un congrès qui réunit des médecins français et britanniques. Pour faire simple, disons que tous les premiers ont pour langue maternelle le français, tous les seconds ont pour langue maternelle l’anglais. Comment vont-ils communiquer entre eux pendant le congrès ? Vont-ils tous renoncer à user de leur langue maternelle et élire une langue étrangère comme langue de communication, comme nous le donne à penser notre définition, et dans ce cas laquelle ? Intuitivement, on se dit qu’ils vont plutôt communiquer entre eux dans une des deux langues déjà représentées parmi les congressistes, soit le français, soit l’anglais.

Poursuivons notre réflexion.

Partant de la définition de ce qu’est une « langue de communication », nous venons d’examiner le lien entre « langue maternelle » et « langue de communication ». Or, l’ambigüité de la carte du MAEE ne réside pas dans la relation entre « langue maternelle » et « langue de communication », elle réside dans la relation que cette carte établit de fait entre « langue officielle » et « langue de communication » en les représentant d'une seule et même couleur.

En combinant ce que nous avons vu des langues officielles et la réserve que nous venons de formuler sur la définition de la langue véhiculaire, nous pouvons dire que la relation entre « langue officielle » et « langue de communication » va pouvoir varier d’une personne à l’autre, selon que la langue officielle qu’elle pratique coïncide ou non avec sa langue maternelle.

Une personne qui fait déjà usage du français à la fois comme langue maternelle et comme langue officielle ne devra pas apprendre le français comme langue de communication – mais cela ne veut pas dire pour autant, comme le donne à penser la définition donnée de la langue véhiculaire, que cette même personne va nécessairement apprendre une autre langue que le français pour communiquer. Cela n’aurait évidemment aucun sens.

D’un autre côté, quelqu’un qui fait usage du français comme langue officielle mais qui a pour langue maternelle une autre langue que le français devra apprendre le français en plus de sa langue maternelle au moins pour communiquer avec son administration, mais ne sera pas tenu pour autant de faire du français à l’exclusion de toute autre langue sa langue de communication (en dehors du contexte trivial de la communication avec l’administration) : selon les cas, sa langue véhiculaire pourra être sa langue maternelle, la langue officielle de sa région ou de son pays… ou une troisième langue acquise expressément à cet effet.

En fait, d’une manière générale, si l’on exclut les cas où une langue de communication est apprise pour communiquer avec l’administration, c’est-à-dire les cas où la langue véhiculaire coïncide avec la langue officielle, les langues véhiculaires ne sont généralement pas représentées sur les cartes géolinguistiques, tout simplement parce qu’elles sont difficilement représentables. En effet, le choix d’une langue de communication peut varier selon les circonstances, et une même personne pourra même adopter ou acquérir plusieurs langues de communication.

Le fait que les langues véhiculaires soient difficilement représentables sur une carte géolinguistique ne doit toutefois pas nous conduire à en détourner notre attention. Cet usage particulier des langues a notamment joué un rôle crucial dans l’histoire du français – et dans celle d’autres langues. Nous allons examiner ici, outre le cas du français, central pour nous, celui du latin, ainsi que celui de quelques langues africaines, pour terminer par le cas plus général des langues dites internationales.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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