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La nécessité d’une langue véhiculaire

Lorsque Charlemagne s’est fait couronner empereur en 799, ce qui allait devenir son Empire s’étendait du nord de l’Espagne jusqu’aux limites orientales de l’Allemagne actuelle, de l’Autriche et de la Slovénie.

L’empire carolingien sous Charlemagne
charlemagne

L’Empire reconstitué par Charlemagne formait un territoire linguistiquement hétérogène : ses sujets s’exprimaient en effet dans de nombreux dialectes romans, germaniques ou slaves.

Dans la volonté de promouvoir une langue qui puisse assurer la communication à l’intérieur de son vaste empire entre des sujets aux langues maternelles si diversifiées, Charlemagne a élevé le latin classique au rang de langue de communication, un choix qui s’explique par le fait que son empire constituait une zone entièrement christianisée et que le latin classique, sous la forme simplifiée que l’on appelle latin chrétien, y subsistait partout au moins comme vestige de la langue de christianisation.

Charlemagne avait également conçu le projet d’élever au rang de langue véhiculaire de son empire sa propre langue maternelle, le francique, auquel il était très attaché. Mais il n’a pas vécu suffisamment longtemps pour pouvoir mettre en œuvre cet autre projet, qui aurait d’ailleurs demandé beaucoup plus de temps et de moyens. En effet, contrairement au latin classique, qui était déjà utilisé dans tout son empire comme langue de l’administration et était déjà pratiqué par les lettrés et par les religieux, le francique ne jouissait alors d’aucun autre usage que celui d’être la langue maternelle des Francs, regroupés principalement dans nos régions, et en généraliser l’usage comme langue véhiculaire dans tout l’empire aurait poussé Charlemagne à déployer des moyens autrement importants que ceux qui ont permis de généraliser le latin dans cet usage véhiculaire.

Charlemagne a donc choisi le latin classique comme langue véhiculaire de son empire, et a confié le soin de son expansion à un Anglais, Alcuin d’York – nous avons vu pour quelles raisons il s’est tourné vers un Anglais au chapitre consacré à la diglossie.

Le latin classique réactivé par Charlemagne comme langue véhiculaire de son empire était une forme du latin assez éloignée de la variété du latin qui était devenue la langue maternelle d’une grande partie des populations de l’empire. Qui plus est, le latin promu par Charlemagne, à travers la personnalité d’Alcuin, était une forme particulièrement conservatrice du latin classique, tel que le pratiquaient les Anglais, et ce choix ne fut pas sans conséquence.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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