Ainsi, en Gaule, le latin a réussi à supplanter le celtique, en raison du prestige de la civilisation romaine. Devenu langue de la Gaule romaine quelques siècles plus tard, le latin a réussi à supplanter le francique, une nouvelle fois en raison du prestige de l’ancienne civilisation romaine. Et c’est ce latin, façonné une première fois au contact du celtique et une seconde fois au contact du francique qui donnera au IXe siècle naissance au français.
Comment les langues se distribuaient-elles les usages dans le nouvel espace géographique que constituait la Francie ?
Au plan des langues de l’administration, de l’enseignement et de la culture, aucun changement ne se signale – on vient d’en voir les raisons : c’est le latin classique qui prévaut, même si dans le cas de l’administration, on peut supposer que les administrés traitaient en langue vernaculaire avec l’administration, que l’usage du latin classique était réservé aux décisions de justice, annonces officielles et autres décrets. Le latin chrétien demeure la langue du culte.
La situation linguistique durant la période franque
Durant les invasions germaniques | Durant la période franque | |
Langue de l’administration | latin classique | latin classique |
Langue véhiculaire | latin vulgaire | gallo-roman |
Langue de référence | latin classique | latin classique |
Langue d’enseignement | latin classique | latin classique |
Langue du culte | latin chrétien | latin chrétien |
Langue vernaculaire | latin vulgaire + langues germaniques (+ celtique) |
gallo-roman + francique |
Les différences d’avec l’époque des invasions germaniques sont ailleurs, et sont minimes : le francique des Francs supplante les langues des autres tribus germaniques et rivalise seul avec le latin vulgaire comme langue vernaculaire durant toute la période de diglossie, mais finit par être évincé au profit du seul gallo-roman, nom de la forme prise par le latin vulgaire à l’issue de cette longue période de troubles.
Ici encore, si le latin classique assume le plus grand nombre des fonctions, celles qu’il assume ne touchent qu’une minorité de lettrés. Au plan quantitatif, c’est le gallo-roman qui s’impose.