Le deuxième cas de figure que nous allons traiter est celui des pays où la langue maternelle et la langue officielle de la population sont deux langues différentes :
Langue maternelle et langue officielle – configuration 2
Langue maternelle A → | Langue officielle A |
Langue maternelle A → | Langue officielle B |
Langue maternelle A → | Langue officielle A, B |
Langue maternelle A, B → | Langue officielle A |
Langue maternelle A, B → | Langue officielle A, B |
Langue maternelle A, B → | Langue officielle C |
Nous venons de signaler qu’il est relativement rare dans le monde qu’une seule langue maternelle domine dans un pays au point d’être seule représentative et cette deuxième configuration – une unique langue maternelle distincte d’une unique langue officielle – s’avère tout aussi rare que la précédente. Il est de fait assez difficile d’en trouver une illustration au sein de l’espace francophone.
En forçant un peu les choses, on peut toutefois considérer que cette configuration est illustrée par un petit pays comme l’Ile Maurice, qui représente un laboratoire linguistique grandeur nature – et qui sera de ce fait plusieurs fois cité en exemple dans le cadre du cours.
L’Ile Maurice
La population autochtone de l’Ile Maurice est essentiellement de langue maternelle française – même si le français de l’Ile Maurice prend une forme un peu particulière appelée « créole », un terme sur lequel nous aurons l’occasion de revenir plus loin dans le cours.
En forçant un peu les choses, on peut donc dire que la population mauricienne est de langue maternelle française. Toutefois, la langue administrative de l’Ile Maurice est, de facto, l’anglais, une langue qui n’est la langue maternelle que d’une petite partie de la population. Cette situation particulière s’explique historiquement : l’Ile Maurice a été une possession portugaise avant de passer aux mains des Hollandais, puis des Français… pour finir sous la couronne d’Angleterre – l’Ile Maurice est à l’heure actuelle l’un des états du Commonwealth of Nations évoqué plus haut, mais la population mauricienne est restée francophone, ce qui nous montre bien par ailleurs que le Commonwealth of Nations est un organisme qui n’est pas, contrairement à l’Organisation internationale de la Francophonie, fondé sur l’idée d’une communauté linguistique.
L’arrière-plan historique et politique éclaire ici le fait que l’administration mauricienne use d’une langue qui n’est pas la langue maternelle de la majorité de la population… et que l’Ile Maurice illustre une configuration sociolinguistique relativement rare.
Il ne semble pas y avoir d’autre exemple de cette configuration au sein de l’espace francophone, du fait essentiellement que les pays ou régions où une seule langue maternelle est significative y sont peu nombreux, ce qui a déjà été signalé au moment de traiter de la précédente configuration. En revanche, les pays ou régions qui n’ont élu qu’une seule langue officielle sont plus nombreux. C’est donc dans le sens langue maternelle → langue officielle que l’équation ne fonctionne pas.