Il y a toutefois quelques faits marquants pour l’histoire de la langue française que ne révèle pas un tableau somme toute très fonctionnel des choses.
Le prestige de saint Louis était tel que la France est devenue au XIIIe siècle un modèle que le reste de l’Europe cherchait à imiter ; ainsi, en Italie, Brunetto Latini ou encore Marco Polo ont choisi d’écrire (de faire écrire dans le cas de Marco Polo) leurs récits en français – c’est d’ailleurs l’exemple de ces Italiens qui a été utilisé pour décrire le concept de « langue choisie » au chapitre consacré aux différents usages de la langue.
L’engouement des Italiens pour la langue française était tel qu’à l’époque s’est forgé un nouvel artéfact, que l’on appelle aujourd’hui le franco-italien, une langue qui mêle des traits de l’italien et du français de l’époque sans réelle organisation :
Un échantillon du franco-italien
Naymes desende desot .i. arbossel
Car il ne vit cités ne castel
Borgo ne ville ne mason ne torel
Entro due roches oit embatus Morel
La oit lassé .i. ors e son feoncel
Vento e grasille lo tenpo e molt fel
Ay Deo dist Naymes qui salvas Daniel
Et sam Jonas del ventre del pessoncel
Et condosis le poples d’Istrael
Em la roide mer ses nes et sens batel
Audi moi sir de ço ke je t’apel
Le froide ert grant a pene poit alé Morel
(La chanson d’Aspremont, laisse CVII, manuscrit P3)
Sur un autre plan, l’engagement de saint Louis dans les Croisades a contribué à diffuser la langue française à travers tout le bassin méditerranéen, et plus spécialement en Tunisie (saint Louis est d’ailleurs mort à Tunis, des suites de la « peste », c’est-à-dire vraisemblablement de dysenterie ou de fièvre typhoïde). La langue française qui au XIe siècle s’était exportée vers le nord, s’exporte cette fois vers le sud.