Virelay 4 : Il n’est avoir ne richesse (DLVII)
Virelay
Il n’est avoir ne richesse,
Estat, sens, ne gentillesse
Qui valent tant que santé.
Et si sont gens a planté
5 Qui ont du garder paresse.
Car pluseurs, quant si sont sain,
Ont la santé en desdaing
Et se gastent par excés
De boire et mangier sans fain,
10 A toute heure, soir et main. 174c
Et puis, quant trop sont replés,
Vient maladie et destresse,
Fievre, angoisse qui les blesse.
La sont forment tourmenté,
15 Desporveu[1], destalenté
Dont maint d’eulx la vie lesse.
Il n’est [avoir ne richesse]
Se le monde avoient plain
De fin or, c’est tout certain
20 Que pour passer un accés
Le donroient par leur main
Pour garir d’uy a demain.
Mors est perilleux procés.
Homs mors n’a plus de hautesse,
25 Chascuns le fuit et delesse.
Si enfant, son parenté
Tiennent le corps en vilté,
Si fait bon vivre en leesse.
Il n’est [avoir ne richesse]
30 Plus grant chose est d’un villain
Qui vit et n’a que du pain
Qui est sains, puissans et frés
Que d’un roy par cas soudain
Trespassé. Son nom est vain
35 Quant en terre est ses retrés.
Qui a santé en largesse
Contre droit ne la compresse.
Mais ait bonne voulenté
Que par garde en soit renté,
40 Car quant maulx vient tous biens cesse.
Il n’est [avoir ne richesse]
[1] Ms. Destorgieu