Les caractéristiques de la poésie latine

La poésie des trouvères et troubadours, souvent regardées par le petit grand de la lorgnette, c’est-à-dire par le prisme déformant de la poésie classique, s’inscrit avant tout dans le prolongement de la poésie latine, même si c’est pour s’inscrire d’emblée en rupture avec celle-ci.La poésie des trouvères et troubadours, souvent regardées par le petit grand de la lorgnette, c’est-à-dire par le prisme déformant de la poésie classique, s’inscrit avant tout dans le prolongement de la poésie latine, même si c’est pour s’inscrire d’emblée en rupture avec celle-ci.Nous allons brièvement revenir sur les caractéristiques de la poésie latine avant d’examiner la poésie médiévale en langue française et en langue provençale, et de l’examiner en elle-même et pour elle-même, c’est-à-dire sans chercher à l’éclairer par des savoirs ultérieurs qui risqueraient de fausser les perspectives.

La poésie latine se caractérise avant tout par sa rythmique, qui est fondée sur le poids syllabique, opposant les syllabes lourdes, notées d’un macron, aux légères, notées d’un micron. Les syllabes lourdes sont frappées d’un accent mélodique (la syllabe accentuée est dite sur un ton plus haut, donc plus aigu).

En poésie latine, les syllabes s’agencent par deux ou trois, selon des règles strictement définies, pour constituer ce qu’on appelle des pieds, par exemple :

ˬ _        une syllabe légère suivie d’une lourde          = iambe
_ ˬ        une syllabe lourde suivie d’une légère          = trochée
_ ˬ ˬ     une syllabe lourde suivie de deux légères    = dactyle
etc.     

Les pieds s’agencent à leur tour selon des règles bien définies pour constituer des mètres (ou vers) ; par exemple un hexamètre dactylique compte six pieds (hexa+mètres) de trois syllabes dont la première est lourde et les deux suivantes sont légères (chacun de ces groupes de trois syllabes constitue un dactyle).

Dans un vers latin, deux syllabes légères peuvent être remplacées par une lourde ; une syllabe lourde peut être résolue en deux légères. Ces possibilités de substitutions et résolutions ont pour conséquence que dans un poème latin, même composé en un unique mètre (l’hexamètre dactylique est le plus courant), les différents vers compteront un nombre de syllabes pouvant varier considérablement. En d’autres termes, le nombre des syllabes n’est pas un élément pertinent pour caractériser un vers latin.

La sonorité des fins de vers n’est pas non plus pertinente pour caractériser un vers latin ; dans un poème classique en latin, les vers ne riment pas entre eux :

Meliboeus

Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi,
silvestrem tenui musam meditaris avena.
Nos patriae finis et dulcia linquimus arva ;
nos patriam fugimus. Tu, Tityre, lentus in umbra
forosam resonare doces Amaryllida silvas.

Tityrus

O Meliboee, deus nobis haec otia fecit.
Namque erit ille mihi semper deus. Illius aram
saepe tener nostris ab ovilibus imbuet agnus.
Ille meas errare boves, ut cernis, et ipsum
ludere quae vellem calamo permisit agresti.
Publius Vergilius Maro, Ecloga, I

Les mètres latins se caractérisent en outre par un système de césure, mot qu’il faut comprendre comme étant le lieu d’articulation des composants du mètre (la césure est liée à la longueur des mètres ; en effet, à partir d’une certaine longueur, c’est-à-dire à partir d’un certain nombre de pieds, il devient nécessaire de structurer un vers en différents composants).

Ce qu’on appelle scansion n’est autre que l’analyse du schéma métrique du vers (et par extension la déclamation qui fait ressortir ce schéma).

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

ulb ltc

L’utilisation du genre masculin dans les pages du présent site a pour simple but d’alléger le style. Elle ne marque aucune discrimination à l’égard des femmes.