Nous avons vu à plusieurs reprise qu’une connaissance des fondements de la phonétique et des relations entre système phonétique et système graphique est requise pour mener à bien une analyse des poèmes médiévaux français et provençaux.
Dans le cas du français, plus encore que la phonétique synchronique de l’ancien et du moyen français, c’est la phonétique historique – c’est-à-dire plus proprement la phonétique diachronique – qui se révèle éclairante en ce qu’elle nous conduit à considérer distinctement la poésie jusqu’au XIIIe siècle, la poésie du XIVe siècle et la poésie du XVe siècle, qui n’obéissent pas aux mêmes règles.
La conséquence pour l’analyse et l’interprétation des poèmes médiévaux est que, sur le plan de la technique poétique, on ne peut convoquer un texte ou un auteur d’un siècle à l’appui de l’analyse d’un poème d’un autre siècle. Plus crucialement, au XIVe et au XVe siècle, nous sommes parfois confrontés à des poèmes qui semblent fonctionner selon des règles qui leur sont propres, c’est-à-dire qui ne sont transférable à aucun autre texte.[1]
La poésie provençale est moindrement concernée en ce sens qu’elle a décliné dès la fin du xiiie siècle pour ne plus survivre au-delà du XVe siècle que chez quelques poètes baroques, de sorte qu’on peut moins bien mesurer l’impact qu’eut sur elle l’évolution phonétique de la langue – à moins d’envisager l’hypothèse que l’impact a été si fort qu’il a conduit la poésie provençale à sa perte[2].
Poésie française et évolution de la langue |
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Poésie provençale et langues d’oc |
[1]Se reporter à Englebert (2014) pour un exemple.
[2]Une position que le manque de documentation rend difficile à étayer.