Chançon royal 137 : A tous ceuls qui lire m’orront (MCCCCXLI)
L’epistre saint Bernard en channçon royal de cinq vers sur le gouvernement de maison
A tous ceuls qui lire m’orront
Et en lisent proffiteront,
Salut et bonne affection :
De la diligence enquerront
5 De leurs servens et si verront
Souvent leur operacion,
Que riens n’aille a perdicion,
Pour restraindre plus tost que tart
[…][1]
10 En toute gubernacion,
Ce dist l’epistre saint Bernart.
Foulz sont ceuls qui despanderont
Autant de rente qu’ilz aront.
Chascun an reservacion
15 Facent du tiers de ce qu’ilz ont :
Lors au cas soudain pourverront.
Quant est d’edification,
Necessité soit l’action,
Non voulenté qui les cuers art
20 D’acomplir fole entencion,
Dont enfin vient destruction,
Ce dist l’epistre saint Bernart.
Saiges grans nopces ne feront
Ne chiens de chace ne tendront
25 N’abit de grant elacion. 437a
[Et] leurs vins et leur blef vendront
Pris moien, qu’achater pourront
Les povres, c’est dilection.
Facent remuneracion
30 A leurs servens ains leur depart.
Ayme chascun sa nascion
Et ne vive en contencion,
Ce dit l’epistre saint Bernart.
Varléz haultains de cuer parfont,
35 Varléz flaneurs nul bien ne font.
Reboutéz les sanz ficition.
Varléz honteus, quant ilz meffont
Qui se taisent, puis que telz sont,
Garde et ayme d’affection ;
40 Femme de dissolucion,
Vieille bourdeliere ait la hart
Ou le feu de confusion !
Digne est de tel pugnicion,
Ce dit l’epistre saint Bernart.
45 Ceuls qui dotrine garderont
Et diligence en eulx avront
Fortune et persecucion
Non eulx, mais elle accuseront.
A leurs filz ne[2] s’mortiront :
50 Aient tousjours possession
De leurs biens. En conclusion
Pensent bien de leur ame a part,
Aiment Dieu en toute saison
Et lui rendent vraie oroison,
55 Ce dit l’epistre saint Bernart.
L’envoy
Dieu, qui tendra nette maison 437b
De pechié, qui fera raison
Et ait a charité regart,
Il ara ou ciel mansion,
60 Gloire et participacion,
Ce dit l’epistre saint Bernart.
[1] Vers manquant
[2] Mot doublé par le copiste