Balade 1010 : Ne faictes pas les dieux d’argent (MCCCCLXXXIX)
Balade que on ne doit mettre es eglises nulz ymaiges entailliéz, fors le crucifis et la vierge, pour doubte d’ydolatrier
Ne faictes pas les dieux d’argent,
D’or, de fust, de pierre ou d’arain,
Qui font ydolatrer la gent,
Car d’omme est euvre et de sa main,
5 Que les paiens crurent en vain
En aourant telz faulx ydoles,
Ou les diables par paraboles
Leur donnoient doubles respons,
Par leur fausses creances moles :
10 Telz simulacres n’aourons.
Car l’ouvraige est forme plaisant.
Leur painture dont je me plain,
La beauté de l’or reluisant,
Font croire a maint peuple incertain 453c
15 Que ce soient dieu pour certain
Et servent par pensees foles
Telz ymages qui font caroles
Es moustiers ou trop en mettons.
C’est tresmal fait : a briefs paroles,
20 Telz simulacres n’aourons.
La croix, le representement
De Jhesucrist souffist a plain
Et de la Vierge seulement,
En l’eglise pour le plus sain.
25 Sanz brasser ce mauvais levain
Ne croire en tant de marioles,
De babouins et de fyoles,
Ou trop de fois ydolatrons
Contre les divines escoles,
30 Telz simulacres n’aourons.
L’envoy
Prince[1], un Dieu croions seulement
Et aourons parfaictement
Aux champs, partout, car c’est raisons,
Non pas faulz dieux, fer n’ayment,
35 Pierres qui n’ont entendement.
Telz simulacres n’aourons.
[1] Ms. Princes