Balade 1000 : Belle et douce, entendéz a moy (MCCCCLXXVIII)
Autre Balade a deux visaiges
Belle et douce, entendéz a moy ! 450c
Dont venéz vous si embuchee ?
― Ne vous chaille : tenéz vous coy.
― Haro ! trop faictes l’espousee !
5 Puis que seule vous ay trouvee,
Parléz a moy, je vous en prie.
― Non feray, par sainte Marie !
Mais vous lo que vous vous souffréz,
Ou vous y aréz villenie :
10 Ce n’est pas ce que vous querréz !
― Et qu’est ce donc ? Seule vous voy !
A qui avéz vous mis journee ?
Venéz vous ent sanz faire effroy :
Par moy bien seréz hostelee.
15 ― Voire dya ! suy je ainsis moquee ?
Or me laissiéz ! Car si je crie,
Vous y avréz tel villenie
Qu’en la fin dolens en seréz !
Femme suy bien en linaigie :
20 Ce n’est pas ce que vous querréz !
Fuiéz de cy. ― Belle, pour quoy ?
― Pour vous seroie diffamee !
Et si fauldroit moustrer de quoy,
Dont je fusse bien assignee.
25 ― Or ay je donc putain trouvee
Pour argent, que j’en remercie !
Mais encor ne l’arréz vous mie :
Blanc de jeu pas trouvé n’avéz,
Qui ains ne vous ait esprouvee!
30 Ce n’est pas ce que vous querréz.
L’envoy
― Faisons donques la departie !
― Aléz a Dieu, conqueluirie !
Trop de hourt et barat sçavéz !
― Deceue ne suis ceste fie !
35 ― Vous dictes voir, je vous affie : 450d
Ce n’est pas ce que vous querréz.