Balade 996 : Mes maris a ce qu’il lui fault (MCCCCLXXIII)
D’une femme qui tient estre acoupie de son mari et du reconfort qu’elle en a
Mes maris a ce qu’il lui fault
En son hostel sanz querrir hors,
S’il voulsist, mais rien ne lui vault,
Car ailleurs va aisier son corps.
5 Et sçay bien par certains rappors 449a
Que d’autre que moy bat la crouppe.
Mais puis qu’a tel fait s’est amors,
Je lui feray d’autel pain souppe.
Car ce n’est pas par mon deffault.
10 Juene suy, tendre et s’ay bon corps,
Milleur que celle ou le ribault
Va souvent faire ses deppors,
Et la se souille comme uns pors.
Au retour m’en fait grigne et louppe :
15 Sçavéz quelz en est mes confors ?
Je lui feray d’autel pain souppe.
De rendre mon deu me deffault.
Entre nous en est grans descors,
Et pour ce querray bas et hault
20 Ce qu’om me doit qui va defors,
Car j’ay trouvé beaux jeunes fors
Qui m’ont dit, puis qu’il me fait couppe,
Qu’acoupir le puis bien des lors :
Je lui feray d’autel pain souppe.
L’envoy
25 Princes, puis que mon mari fault
Et que mon chatel[1] m’emble et tault
Et autre pertuis en estouppe
Oultre mon gré, il ne m’en chault :
Par saint Arnoul et saint Thiebault,
30 Je lui feray d’autel pain souppe.
[1] Ms. chastel