Balade 973 : Nul qui bien face n’ait espoir (MCCCCXLVIII)
Balade morale de ceuls qui ont estat sanz bien faire
Nul qui bien face n’ait espoir 441d
Que l’en congnoisse son bien fait
Si non Dieu, car on taist le voir
Du bien, en levant le meffait.
5 Au jour d’ui qui plus grant se fait
Plus tost est au monde eslevéz.
Se mentir et flater sçavéz,
Vous acquerréz possession,
Mais se le voir dire vouléz,
10 Vous yréz a perdicion.
Pour vaillance, honeur et sçavoir
N’est aucuns sanz promoteur trait
A estat mondain recevoir.
Mais qui bon est, on le deffait,
15 Les mauvés sont levéz de fait
Es estas, cheris, honouréz :
Pour ce est li mondes tribouléz.
En tenent ceste opinion,
Comme chetis et desoléz,
20 Vous iréz a perdicion.
Congnoissance face devoir,
C’est ce que le bon cuer attrait,
Pour faire tous biens apparoir,
Maugré qu’incongnoissance en ait :
25 Lors arons tous biens a souhait,
Ly mondes sera reforméz,
Les bons meris, les maulx dampnéz
Par justice et pugnicion,
Mais s’a droit ces deux ne gardéz,
30 Vous iréz a perdicion.
L’envoy
Princes, ces poins consideréz
Et aux exemples vous miréz
Des pechiéz de vo region.
Carse vous ne vous amendéz
Autrement, de certain tenéz, 442a
35 Vous yréz a perdicion.