Balade 962 : Las ! nous sommes tuit esperdu (MCCCCXXXI)
Balade de Monseigneur d’Orliens 434b
Las ! nous sommes tuit esperdu
Et esbahy de vo demeure,
Qui ainsis vous avons perdu :
Vir vous soulion a toute heure,
5 Dont vostre commun plaint et pleure,
Sanz leur chief desconfis et mas.
Estes vous aléz a Damas ?
Ne vous sçavons quel par querir.
Sanz vous sommes com chiens et chas :
10 Pour Dieu penséz du revenir.
Car moult vous avons attendu
De nuict, de jour. Ce nous deveure :
Moins n’en avons pas despendu,
Si fault que vostre argent y queure.
15 Homme d’oneur n’est qui demeure
Vers nous, s’en vault moins noz estas.
Nous avons de piautraille un tas,
D’enfans qui ne font que ferir,
Joueurs de paulme et de rachas :
20 Pour Dieu, penséz du revenir.
Ou raisin seront confondu,
Ne demourra pomme ne meure,
Huis de jardin ne soit rompu
Ne garenne ou chascun n’aqueure.
25 S’est mestier que l’en y sequeure.
Defendu l’avons au pourchas
De ceulx qui ne s’en loent pas
Sur grant paine d’eulx fort pugnir.
Mais ce sont tous noise et debas :
30 Pour Dieu, penséz du revenir.
L’envoy
Prince, trop vient de divers cas 434c
Qui veult gouverner tel harnas :
Maistres d’ostel ont a souffrir.
En commun a perilleux las :
35 Si saiges n’est qui n’en fust las,
Pour Dieu, penséz du revenir.