Balade 952 : A toutes gens d’entendement (MCCCXCIII)
Autre Balade sur medicine
A toutes gens d’entendement
Fait Eustace des Champs sçavoir
Qu’ilz se gouvernent saigement
Sanz trop chaut ne trop froit avoir.
5 Et se, pour faire leur devoir,
Par travail ou par autre excés,
Leurs vient de maladie[1] acés,
Abstinence soit leur[2] dotrine
Qui conduira bien leur procés
10 Mais ne prangne[nt] ja medicine.
Par la bouche especiaument,
Car trop fait nature doloir.
Tout le corps met a grief tourment
[…][3]
15 Et les esperis remouvoir
Du povre corps qui devient sés,
Foible, deschyrez et deffés.
Tout lui duelt, bras, jambes, eschine[4].
Laisse nature ouvrer adés,
20 Mais ne pran[gne] ja medicine.
Qui ma a vive liement
Et mette soing en non chaloir, 390d
Porte son mal paciemment,
Envers Dieu face son devoir :
25 Nature l’adiera pour voir.
Ne prangne jamais telz brouéz,
J’en ay esté de la mort pres :
Phisicien les fuit, c’est signe.
Qu’homs seufre son mal chaux et frois[5],
30 Mais ne prangne ja medicine.
L’envoy
Malades j’ay porté le fes
De maladie que je les
Qui m’a fait avoir povre orine,
Affebli cuer, os et jarrés :
35 Souffréz le mal tant com pourrés,
Mais ne prenéz ja medicine.
[1] Ms. maladies
[2] Ms. BNF 6221 leur soit
[3] Vers manquant dans les deux mss.
[4] Ms. et eschine ; BNF 6221 et eschine
[5] Raynaud corrige en frès