Balade 951 : D’avocas, de phisiciens (MCCCXCII)
Balade que on se doit garder d’avocas, de phisiciens, de ciurgiens et mareschaulx
D’avocas, de phisiciens,
De ciurgiens, de mareschaulx
Gardéz vos corps, gardéz voz viens,
Car ilz tuent gens et chevaulx.
5 D’un petit mal font pluseurs maulx,
De .iiii. mos grant escripture,
Et s’il leur vient riche homme en cure,
Tousjours veulent nouvel argent :
C’est toute couvoitise pure.
10 Pour Dieu, gardéz vous de tel gent.
D’enquerrir sont praticiens
Du malade et de ses travaulx,
Tous duis, car [ilz] n’en savent riens
Par l’orine des orinaulx,
15 Ne s’il a esté frois ou chaux,
Fors d’enquerrir par voie obscure.
Lors dient sa durté dure
Quenquise ont de loing cautement.
D’argent avoir sont en ardure :
20 Pour Dieu, gardéz vous de tel gent.
Et pour ce entre vous, paciens
Pour apostume[1], boce ou claux,
Ains que trop soiéz es liens,
Soiéz d’a eulx marchander caux,
25 Car tenéz vray que telz contraulx
Vous feront yssir de l’ordure 390c
Qui ce ne fait fault qu’il endure
Leur curacion longuement.
Ilz sont de perverse nature :
30 Pour Dieu, gardéz vous de tel gent.
L’envoy
Compaingnons, Eustace vous jure
Que par medicine et ointure
Baillee a lui violenment
Fut de mourir en aventure,
35 Et ne se pouoit mettre cure :
Pour Dieu, gardéz vous de tel gent.
[1] Ms. BNF 6221 Qu’apotume avés