Balade 944 : Jeunes homs a com lins la veue ague (MCCCLXXXIII)
Autre Balade
Jeunes homs a com lins la veue ague
Qui par .ix. murs ou .ix. paroiz la passe,
En regardant ataint la tierce nue.
Ou temps moien un po estaint et casse.
5 A .l. ans lui trouble et lui efface :
Si lui couvient lors bericles avoir,
Pour le menu faire gros apparoir
En confortant de veue la foiblesse.
Mais le monde est tant aveugle pour voir
10 Tant par pechié comme par viellesce. 388b
Bericles n’a et queurt par my la rue :
En trebuchant se fraint, destruit et lasse.
En l’aage vient qui de mourir l’argue
De jour en jour, et lui moustre l’espasse
15 De .viim.[1] ans que Dieu lui a fait grasse
De vivre ainsi et ses biens recevoir.
Or ne voit point ne ne veult concevoir
L’abuchement de pechié qui le blesse :
Ainsis s’en va a sa fin main et soir
20 Tant par pechié comme par sa viellesce.
Certes je sçay mainte terre perdue
Par non veoir : maint ont veue trop crasse,
Grans et gros oeulx, dont la toye est ferue
Tant qu’aveulgles sont plusc’une lymasse.
25 Pechié leur nuit, et couvoitise amasse
Les chetis biens qui les font decepvoir,
Et ne puelent leur vie remouvoir
Des grans deliz qui engendrent destresse,
Dont ce monde puet sa fin percevoir
30 Tant par pechié comme par sa viellesse.
L’envoy
Prince, vertu, foy, justice se mue,
Crainte de Dieu. Recouvrons notre veue,
Par les oeilléz, memoire qui radresse
Les desvoiéz. Amons la gent menue.
35 Fuyons tout mal ou le monde se tue
Tant par péchié comme par sa viellesce.
[1] Raynaud corrige en setante