Balade 918 : Avecques gens qui n’usent que d’un droit (MCCCXLVII)
Balade comment il ne fait nul [sejour] avecques gens qui n’usent que d’un droit
Avecques gens qui n’usent que d’un droit,
Ne fait pas bon ne seur demourer.
― Pourquoi ? ― Pour ce que cilz qui mefferoit,
Au premier coup se verroit condempner
5 De son meffait. Pour ce vueil sejourner
Avecques ceuls qui sont bons compaignons,
Qui ont deux droiz. Ce sont les Bourgongnons,
Dont j’ay esté un petit trop affins,
Car ilz usent en trestoutes saisons
10 D’un droit pour eulx et d’un pour leurs voisins.
Jamais nul d’eulx a nul tort ne feroit,
Ainçois veulent conscience garder.
Qui treuve rien, il faut que pour eulx soit,
Mais en guerre ne veulent riens trouver,
15 Prandre l’autrui ne homme rançonner.
S’om se plaint d’eulx, dient : ― Bon droit ferons,
Ce qu’avons prins aux bonnes gens rendrons.
Tel jugement m’a[1] jugié[2] mes cousins,
Car ilz usent en trestoutes saisons
20 D’un droit pour eulx et d’un pour leurs voisins.
Or ont pour moy visé en bon [en]droit :
Ce qui fut mien ont prins pour le plus cler.
Ce droit est mien, foulz est qui n’apperçoit
Qu’avec telz gens fait il bon converser,
25 Quant on n’y puet ne cheoir ne verser.
Tant est chascuns a l’eglise prodoms
Qu’om les loe par dessus les Bretons. 366d
Au monde n’a plus vaillans pelerins,
Car ilz usent en trestoutes saisons
30 D’un droit pour eulx et d’un pour leurs voisins.
[1] Ms. mont
[2] Ms. jugié rendre