Balade 894 : Je suis aux abais comme uns cerfs (MCCCV)
Balade
Je suis aux abais comme uns cerfs,
Et n’entens chose qu’om me die
En alemant, fors entre clers
Le latin. Or ne treuve mie
5 Tousjours clers. S’ay trop dure vie,
Car la nature d’Alemans
Est, ou ilz scevent bien roumains,
Puis qu’il y ait un seul François,
Si demourroit entr’eul .xx. ans,
10 Ja n’y parleront que thioys.
Et l’esgardent sur le travers.
D’une hault langaige chascun crie.
Le temps m’est entr’eulx trop divers :
L’estuve et la fourmanderie,
15 Chevauchier jusqu’a la nuitie
Par montaingnes et[1] desrubans,
Par gelees, par neges grans,
.iiii. lieues ou du moins trois.
Mais s’ilz voient qu’il y ait Frans,
20 Ja n’y parleront que thioys.
Dieux scet comment on est couvers.
On fist en la paillarderie,
En gros draps durs, flairans pervers,
Vint, s’ilz sont d’une compaignie.
25 Nape aront orde et embrouillie.
Dix en un plat, comme truans,
Sont servis. Touz boutent dedens
Leurs mains jusqu’aux jointes des doys.
Mais ce dont je suy plus dolens,
30 Ja n’y parleront que thioys.
L’envoy
Princes, par la Vierge Marie, 355a
On est en la Cossonerie,
Aux Cannettes ou aux Trois Roys,
Mieulx servis en l’ostellerie.
35 Car ces gens que je vous escrie
Ja n’y parleront que thioys.
[1] Ms. et par