Balade 880 : Rome qui fut dame monarchial (MCCLXXXVI)
Autre Balade comment Rome fut imperial monarchie et qui subjuga mains royaumes et empires tant comme ilz amerent justice
Rome qui fut dame monarchial 349c
Et qui soubmist la machine du monde
Soubz son treu et comme imperial
Regna partout en terre, en mer parfonde,
5 Tant comme tint de justice la bonde,
Franchise aussi, que bien commun ama,
Que vraie amour et union garda,
Que les saiges gouvernerent sa terre,
Que les vaillans, vertueus honoura,
10 Nulz ne lui mut noise, contens ne guerre.
Mais aprés ce qu’oiseuse curial
Sanz exercit, richesce qui suronde,
Orgueil, qui fut le cas especial,
Couvoitise qu’en ses princes redunde,
15 Division, cuer haineux, inmonde,
Le commun bien que de tous poins laissa,
Justice, amour, qu’elle se conseilla
Aux jeunes foulz desquelz le conseil erre,
Perdit honeur : car quant bien gouverna,
20 Nulz ne lui mut noise, contens ne guerre.
Mais es[1] pays veons en general
Division, qui chascun jour habonde
En la cité, se revelent en mal :
A province la mettent povre et monde.
25 Advise cy tout royaume, et se fonde
Aux bons moyens que Rome commença,
En delaissant les poins[2] qui destruit l’a,
Ou autrement les puet autre conquerre,
Com Rome fut qui, tant que bien ouvra,
30 Nulz ne lui mut noise, contens ne guerre.
L’envoy
Princes, gardéz les bonnes que donna 349d
Au roy Clovis Dieu, quant se baptisa,
Qu’en les gardant fut ferme comme serre
Son royaume, et tant multiplia
35 Que a son temps, puis que bien y pensa,
Nulz ne lui mut noise, contens ne guerre.
[1] Ms. Les
[2] Raynaud corrige en le point