Balade 855 : Selon la revolucion (MCCLII)
Balade sur la soudaine mutacion des officiers qui au jour d’ui sont muéz d’office en office sanz cause et raison
Selon la revolucion
De temps qui court presentement
En soudaine mutacion,
Sanz regarder quoy ne comment,
5 Par voulenté, soudainement
Suy muéz d’office en office,
Mais tousjours ay trové esclipce
Par rappeaulx, dont je suis ostéz
Jusqu’a cy. Soyéz moy propice,
10 Que je ne soye revoquéz !
Premiers fut ma demission
De bailly, puis secondement
De tresorier. Tel mottion
M’a fait despendre mon argent
15 Au scel, si m’en plaing durement, 340d
Cinquante et un soult[1], s’en suy nice,
Par .iii. fois, et n’ay benefice,
Fors general, qui m’est donnéz
Par le roy, mais le cuer me glice
20 Que je ne soye revoquéz.
Et la fist ma destruction,
Qui ay servi treslonguement,
Et fault verificacion,
Dont je fineray lentement
25 Aux generaulx, se prestement
Mes seigneurs n’y font bende et lice.
Car ceste matere est coulice
Quant a moy. Vos mains y tenéz :
Faictes tant qu’om ne m’escondisse,
30 Que je ne soye revoquéz.
L’envoy
Prince[2], a vous suppli humblement
A mes seigneurs semblablement,
Vos oncle[3] et frere, que prenéz
Mon fait a cuer, et telement
35 Que chascun voye clerement
Que je ne soye revoquéz.
[1] Saint Hilaire corrige en sous
[2] Ms. Princes
[3] Ms. oncles