Balade 845 : Muse eloquent entre les .ix., Christine (MCCXLII)
Muse eloquent entre les .ix., Christine,
Nompareille que je saiche au jour d’ui,
En sens acquis et en toute dotrine,
Tu as de Dieu science et non d’autruy.
5 Tes epistres et livres, que je luy
En pluseurs lieux, de grant philosophie,
Et ce que tu m’as escript une fie,
Me font certain de la grant habondance
De ton sçavoir qui tousjours monteplie,
10 Seule en tes faiz ou royaume de France.
Dieu t’a donné de Salemon le signe,
Cuer ensaignant qu’il demanda de lui.
A l’estude es, ou tu ensuis la ligne
Du bon maistre Thomas, que je congnuy,
15 De Boulongne, Pizain, recors en suy :
Ton pere fut docteur d’astronomie.
Charles le Quint, roy, ne l’oublia mie,
Mais le manda pour sa grant souffisance,
Et tu l’ensuis es .vii. ars de clergie,
20 Seule en tes faiz ou royaume de France.
Ha ! quelle honeur entre les femmes digne
Et les hommes ! Pour aprandre a toy fuy,
Qui trop te plais de la fausse racine[1]
Dont le fruit fait a tout le monde ennuy.
25 Par t’espitre le voy, que je reçuy
Benignement, dont cent foiz te mercie.
Mais plus a plain sçaras de ma partie,
Qui en tous cas te faiz obeissance, 337d
Le remede de ta grief maladie,
30 Seule en tes faiz ou royaume de France.
O douce, suer, je, Eustace, te prie,
Comme ton serf, d’estre en ta compaignie
Pour bien avoir d’estude congnoissance.
Mieulx en vaudray tous les temps de ma vie,
35 Car je te voy, com Boece a Pavie,
Seule en tes faiz ou royaume de France.
[1] Ms. nature