Balade 828 : O domine, responde michi (MCCXXV)
Balade de la demande d’une vielle a un vieillart par maniere de moquerie et la response sur ce
O domine, responde[as] michi :
Que te semble il du noble temps passé ?
Qualiter te habes de presenti ?
As tu encor en armes poeste ?
5 ― Queles armes ? ― Ton bourdon aceré,
Dont je t’ay veu jouster au talevas,
― Nenil, par Dieu, il est tristes et mas,
Car puis .x. ans ne m’en aiday en rien.
L’en me puet bien clamer frere Thomas :
10 Onques mais homs n’ot si foible merrien.
― Qua de cuasa ? ― Nonne [tu] vidisti,
Que j’ay tousjours aux armes labouré
Juventute, sumptu dampnabili,
Tant que je suy de viellesce atrapé, 332c
15 Gouteux, fruileux, es armes rebouté,
Du jeusne temps que tu me gouvernas ?
S’en est uséz et destruis mes harnas,
Et je te voy encor ou vert lien,
Qui du mestier et de jouster suy las :
20 Onques mais homs n’ot si foible merrien.
― Ad hec autem confiteor tibi
Que vielle suy, mais riens n’est qui me blesse,
Nisi tantum quod omnes amici,
Et chascun d’eulx, ma poursuite delesse.
25 J’ay ventre emflé, grant cul et plate fesse,
Con estendu, large comme un cabas,
Pour herbergier tout le charroy d’Arras :
C’est droictement hostel saint Julien,
Tout s’i reçoit. ― Aler n’y puis, helas !
30 Onques mais homs n’ot si foible merrien.
O vetula, tot sunt inimici
Tunc tempore mee senectuti,
A toy aussi, pour ton aage ancien !
Va t’en, vielle, loing de moy, je t’en pri.
J’ay grant paour quant je [te] voy icy.
35 Onques mais homs n’ot si foible merrien.