Balade 823 : L’en doit bien les femmes loer (MCCXX)
Balade sur la condicion et meurs de pluseurs femmes du temps ancien
L’en doit bien les femmes loer
Et honourer en tous pays
Ou l’en puet par escript trouver,
Qui tant ont amé leur maris
5 Comme[1] Rosymonde, Thais,
La femme Job, fort emparlee,
Genyvre, Yseult et Bersabee
Et la femme Cathon le saige.
Enqueréz tuit de leur couraige,
10 Et quant bien enquis en sera,
Qui y voit proufit ou dommaige,
Lors se marie qui vourra !
Les hystoires puet l’en noter
De Dalida, Semiramis,
15 D’Elayne qui se fist embler,
S’en furent destruis mains pays.
Par Dyannira fut trahis
Hercules et sa char bruslee
Par la chemise envenimee. 331a
20 Dydo fut royne de Cartaige,
Qui corrompit son mariaige.
Helas ! que fist Clythemetra
A son seigneur ? Qui sent tel raige,
Lors se marie qui voulra[2] !
25 Par Herodyade, est tout cler,
Fut saint Jehan Baptiste a mort mis.
L’ancelle congnut au parler
Saint Pierre qui en fut souspris :
Renoiéz en fut Jhesucris,
30 Dont mainte larme a puis plouree.
Mar fut la phitonique nee
Pour Saul, par son devinaige.
[Et] Cycirco[3], par son oultraige,
En Thessale l’ost conjura
35 Des Rommains. Qui sent ce langaige,
Lors se marie qui vourra !
L’envoy
Prince, cy a maint tesmoinaige
Pour soy bouter en mariaige,
Ou paix et amour trouvera,
40 Humilité sanz seignouraige,
Et s’ainsi est qu’il assouaige,
Lors se marie qui vourra !
[1] Ms. Que
[2] Saint Hilaire corrige en vourra
[3] Saint Hilaire corrige en Erichtho