Balade 820 : Ainsi comme l’en seult querir (MCCXV)r
Balade que le temps vendra que l’en querra saige, vaillant et prodomme pour gouverner, dont l’en ne tient compte de present, ainsi comme l’en quiert par necessité au doy le feu en la cendre
Ainsi comme l’en seult querir
Par neccessité en la cendre
Le feu au doit, pour secourir
De nuit au larron qui veult prandre
5 Les biens d’un hostel et surprandre
Les gens par default de lumiere,
Convendra briefment que l’en quiere
Les preudommes ou ilz seront.
Car ceuls gouverner ne sçaront
10 Qui ont mis le monde en balance
Par trop grant jeunesce qu’ilz ont :
Saiges se doit garder d’enfance,
Qui fait la lumiere perir 329c
Et ne scet en son cuer comprandre
15 Les maulx qui puelent advenir
Par sa chaleur, par non entendre
Au bien commun, mais vouloir tendre
A voulenté fole et legiere,
En boutant les vaillans arriere,
20 Les saiges et ceuls qui bien font.
Les foulz couars eslevéz sont,
Lors saillent robeurs de chevance
Qui terres et pais deffont :
Saiges se doit garder d’enfance,
25 Qui fait maint royaume envahir
Et les larrons par tout estendre
Es tenebres de foul plaisir
Ou jeunesce seult trop mesprandre.
Lors des prodommes se remembre.
30 […]
[…][1]
Com le feu querir les yront
Pluseurs, mais ilz s’excuseront
Par viellesce et par desplaisance.
35 Gardent les princes qu’ilz feront :
Saiges se doit garder d’enfance.
L’envoy
Prince, vueille vous souvenir
De Roboan, qui voult tenir
Des jeunes la fole cuidance
40 Et des anciens departir,
Dont povre devint. Sanz mentir,
Saiges se doit garder d’enfance.
[1] Vers manquants