Balade 810 : Helas ! on dit que je ne fais mes rien (MCCIV)
Balade de ce que l’en m’amet que je ne fais rien de nouvel, et mon excusacion sur ce
Helas ! on dit que je ne fais mes rien,
Qui jadis fis mainte chose nouvelle.
La raison est que je n’a pas merrien
Dont je fisse chose bonne ne belle,
5 Qu’en terre et ciel voy obscurcir la belle
Et amenrir la clarté du souleil,
Dont les pluseurs ont une taiche en l’œil,
Que nulz ne veut[1] percevoir ne congnoistre.
Si se pert tout et au secle et au cloistre
10 Par l’ardent feu d’orgueil et convoitise
Et d’envie qui ne cesse de croistre :
Vray pappe n’est n’empereur en l’Eglise,
Ne nul ne tent au monde au commun bien,
Du temps present, ou Justice chancelle,
15 Mais prant chascun l’autrui avec le sien
Pour sont estat seoir en haulte celle.
L’en quiert argent, or, joiaulx et vaissele,
Par Voulenté qui ne veult bon conseil.
Comment pourra, c’est dont je me merceil, 326b
20 Sur povreté estat despense acroistre,
Attendu ce que l’en voit tout descroistre ?
Il convendra, s’autre regle n’est primse,
Estat cesser. Nul ne doit incongnoistre :
Vray pappe n’est n’empereur en l’Eglise.
25 Puis Constantin, emperur crestien,
Pierre ne Pol, ne fut veu tel querelle
De scisme avoir, ou l’en n’ait pourveu bien,
Fors a cestui qui tousjours renouvelle.
O bilinguis, qui trovas tel cautelle,
30 Trop fus emfléz de malice et d’orgueil,
Et le clergié fut de legier acueil,
En ce faisant. Casser le voy et croistre
Comme la noix, ou l’escaille d’une oistre
Par les gens laiz et par leur fole emprise
35 Tout se destruit. Comment puet bien recroistre ?
Vray pappe n’est n’empereur en l’Eglise.
[1] Ms. veulent