Balade 792 : Vrays Dieux, que c’est noble chose et joieuse (MCLXXXIV)
Balade comment uns homs gracie Dieu de ce qu’i la bonne femme trovee et les loenges qu’il en dit
Vrays Dieux, que c’est noble chose et joieuse,
Paix et repos a homme qui femme a
Obeissant, douce, humble et gracieuse,
Et qui oncques son mari ne coursa,
5 Mais en tous cas l’oneure et honourra,
Et qui veult tout ce que son mari veult !
Qui tele l’a, il est foulz s’il se duelt,
Quant assené a a tele partie.
Si loe Dieu, qui a joie m’esmuet,
10 Quant donné m’a si douce compaignie.
De moy servir humblement est songneuse,
Et par l’ostel tousjours besongnera.
De lever main n’est onques pareceuse
Et sa mesgnie aussi lever fera
15 Pour besongnier, a tout regardera,
Son mesnaige trop bien atourner suelt,
Les estrangiers joieusement aqueult
En mon hostel et leur fait chiere lie. 315d
S’en rent mon cuer grace a Dieu, tant qu’il puet,
20 Quant donné m’a si douce compaignie.
De grant atour avoir n’est curieuse,
Jamais dur mot ne me respondera,
Elle aime et craint comme femme doubteuse,
Ce que je vueil en tous cas souferra,
25 Et pour mangier tousjours m’aprestera,
A son pouoir, ce a quoy mon cuer muet.
Se rien lui dy, tantost faire l’estuet.
Son ami suy, je l’appelle m’amie,
J’en mercy Dieu, qui nul bien ne desveult,
30 Quant donné m’a si douce compaignie.
L’envoy
Prince, je suis en l’amoureuse vie[1]
D’avoir trové femme non dangereuse
Et qui tousjours en touz biens monteplie
Mariage est une ordre vertueuse,
35 Dont je graçy la vierge glorieuse,
Quant donné m’a si douce compaignie.
[1] Ms. en la vie amoureuse vie