Balade 788 : De chien qui mort et de cheval qui rue (MCLXXX)
Autre balade
De chien qui mort et de cheval qui rue,
De saige foul et d’omme lunatique,
D’yvre varlet et d’enrragié qui tue,
Et d’ennemi privé et domestique,
5 De doulz parer et de langue qui pique,
De peuple esmeu, d’ire de grant seignour,
De juge chault, de femme de folour
Se doit garder toute personne saige,
D’omme esbarbé, de convoiteux pastour,
10 Car de tout ce ne vient fors que dommaige.
Du cochelet tournant, de besague,
De .ii. langues que corps en soy applique,
Du temps soudain et de tempest de nue,
Du mal qui point et d’avoir bourse ethique,
15 De povreté qui est paralitique,
De mauvais vent, de cheminee a plour,
Et de maison quant il degoute autour
Et par dedenz, car lors chiet la muraige,
Se gart chascun et de perilleux jour,
20 Car de tout ce ne vient fors que dommaige.
D’aler aussi quant il vente par rue,
Afin qu’on n’ait sur sa teste une clique
D’une tuile qui est tost descendue,
Ou cheminee, ou pierre qui desclique,
25 De mauvais point et de rompue dique,
Et de puces qui font trop de dolour,
De mauvais vin, de trop chaut, de froidour,
Et des souris qui rungent le fourraige
Quant l’en se dort nous gart Dieux, par s’amour,
30 Et[1] de tout ce ne vient fors que dommaige.
L’envoy
Prince du puis[2], gardéz vous de le brique
De ceuls qui font aux compaignons le nique,
Quant l’argent ont ravi par leur langaige,
Dont ilz ont fait chaperon authentique.
35 De vo pouoir eschivéz leur pratique,
Car de tout ce [ne vient fors que dommaige.]
[1] Saint Hilaire corrige en Car
[2] Saint Hilaire corrige en pui