Balade 786 : Je ne sçay des communs mestiers (MCLXXVIII)
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Je ne sçay des communs mestiers,
Depuis .xi. ans en ença,
Que deux, quiere qui veult le tiers,
Pour chevance avoir qui voulra :
5 L’un est menestrel, et l’autre a
Semblant de faire le sot saige.
Ces .ii. ont par tout l’aventaige,
L’un en janglant, l’autre a corner
Des instrumens. Lequel prandray je ?
10 — Compains, apran a flajoler.
Les haulx instrumens sont trop chiers,
La harpe tout bassement va.
Vielle est jeux pour les moustiers,
Aveugles chiphonie aura.
15 Choro bruit, rothe ne plaira,
Et la trompe est trop en usaige.
Aussis est du fou le langaige :
Neantmoins, pour plus proufiter,
Avoir argent, robe, heritaige,
20 Compains, apran a flajoler.
Car princes oyent voluntiers
Le flajol. Qui en aprandra 313d
Advancéz sera des premiers.
Puis que bien jouer en sçara.
25 Demande alors, on lui donrra,
Car le son fort les assouaige,
Et le foul a, par son trompaige,
Dons et argent, sanz demander.
S’est veulz riches a oultraige,
30 Compains, apran a flajoler.
L’envoy
Princes, puisque tel art vauldra,
Honny soit qui ne l’aprandra
Pour son preu, sans autrui grever
— Tu dis bien, or y apparra.
35 Mais puis que proufit t’en vendra,
Compains, apran a flajoler.